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haute situation qu’elle comportait, et comme Hyrcan, le plus jeune, était seul connu de la cour de Ptolémée et, sympathique au roi Philopator, ce fut lui sans doute qui eut la préférence. La haine de ses frères s’en augmenta d’autant. Lorsque Hyrcan vint à Jérusalem pour prendre possession de son emploi, ses frères se déclarèrent ouvertement contre lui et cherchèrent à recruter des adhérents pour le combattre à main armée et parvenir à l’expulser de la ville. Mais il sut, lui aussi, se faire des partisans, et la discorde éclata dans Jérusalem ; discorde qui faillit dégénérer en guerre civile, qui peut-être même fit déjà couler le sang. Le grand prêtre Siméon II, fils de cet Onias II qui avait précédemment contribué au succès du fils de Tobie, fit pencher la balance en prenant parti pour les frères aînés, qui virent, grâce à cet appui, grossir le nombre de leurs adhérents au point qu’il ne fut plus possible à Hyrcan de rester à Jérusalem. Il est à présumer qu’il n’eut rien de plus pressé que de courir à Alexandrie et de porter plainte à la cour contre ses frères. Mais ce fut peine inutile, car peu après (206) son protecteur Philopator mourut et l’Égypte elle-même se trouva, par suite, en proie au bouleversement et à l’anarchie. Deux rois ambitieux, Antiochus le Grand, de Syrie, et Philippe, de Macédoine, profitèrent de la faiblesse de cette dynastie et de ce gouvernement pour démembrer l’Égypte avec ses îles et autres dépendances, et les incorporer à leurs propres royaumes. Les fils aînés de Joseph ou, comme on les appelait, les enfants de Tobie, résolurent aussitôt, en haine de leur frère Hyrcan et de la cour d’Égypte qui l’avait favorisé, de se ranger au parti d’Antiochus et de se détacher de la domination égyptienne. Ils formèrent un parti séleucidien. On les représente comme des contempteurs et des dégénérés, et de fait ils se montrent jusqu’au bout comme des hommes sans principes, sacrifiant le bien du pays à leur soif de vengeance et à la satisfaction de leurs appétits. Ils ouvrirent au roi de Syrie les portes de la ville et lui rendirent hommage. Leurs adversaires, les partisans d’Hyrcan ou des Ptolémées, cédèrent à la force ou furent écrasés. Un siècle après que la dynastie des Lagides avait pris possession de la Judée comme d’une dépendance de la Cœlé-Syrie, elle tomba au pouvoir de la maison des Séleucides (203-202). De nouveau, le fléau de la guerre