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Ne t’arrête point auprès de la danseuse,

Elle t’enlacerait par ses artifices.
Ne livre point ta vie à la courtisane,
Elle te ferait dissiper ton héritage.

Les arts, la vie élégante, les raffinements du goût, que le fils de Tobie avait empruntés à la Grèce et acclimatés en Judée, ne pouvaient compenser les mœurs chastes et austères que son influence fit perdre au peuple. Même des hommes graves, dominés par le prestige hellénique, commencèrent à douter de leurs antiques croyances, à se demander si tout ce qu’enseigne et prescrit le judaïsme était véritable et juste, si la Divinité interdit à l’homme les jouissances et les joies de la terre, si même elle s’occupe, en général, et du grand univers et de ce petit monde de l’homme. La doctrine d’Épicure, qui diminuait Dieu et prêchait le plaisir, souriait au monde dégénéré des Gréco-Macédoniens et plus encore à la haute société d’Alexandrie. Sa pernicieuse influence pénétra de cette ville jusqu’à Jérusalem. Là aussi on se complut dans de subtils sophismes et l’on traita de haut la doctrine judaïque.

Ce goût de la subtilité aurait pu du moins conduire à une certaine activité intellectuelle, si l’odieuse discorde ne s’était glissée dans cette société de parvenus, à coté des vices d’emprunt dont nous avons parlé. Entre les sept fils légitimes de Joseph et son dernier-né Hyrcan, fruit d’une passion coupable, naquirent des ferments de jalousie et de haine que le temps ne fit. qu’envenimer. Le plus jeune se distingua de bonne heure par une finesse, une présence d’esprit et un caractère astucieux qui en firent le favori de son père. Un fils venait de naître (vers 210) au roi libertin Philopator, — ce même fils qui fut plus tard le chétif roi Ptolémée V (Épiphane). A cette occasion, les représentants des villes de Cœlé-Syrie adressèrent à l’envi félicitations et présents au couple royal, comme témoignage de leur respectueuse affection. Joseph ne pouvait rester en arrière. N’étant pas, vu son âge avancé (?), en état de faire le voyage, il invita l’un de ses fils à le remplacer. mais aucun ne se sentait ni assez d’entregent ni assez de courage pour cette mission. aucun, si ce n’est Hyrcan, que ses frères mêmes s’accordèrent à indiquer comme le plus capable..., ce qui ne