Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée

perses à son égard pour lui causer des dommages. C’est ainsi qu’ils paraissent avoir réussi à reprendre, de force ou par ruse, les districts limitrophes qu’ils avaient dû céder antérieurement.

L’État judaïque fut donc réduit, en ce temps-là, à lutter pour pouvoir vivre. Nous ne remarquons, du reste, dans ces deux siècles, que de rares éclaircies : telles sont l’époque du retour, époque d’enthousiasme ; celle du règne de Darius Ier, qui témoigna aux Judéens une constante faveur, enfin la présence de Néhémie à Jérusalem et l’ardente activité qu’il y déploya. A part ces exceptions, ils n’eurent en partage que l’oppression, la misère, le plus lamentable état de faiblesse et d’abandon. Ils semblent lever sans cesse vers le ciel leurs yeux chargés de pleurs, et demander avec le Psalmiste : D’où me viendra le secours ? Les traces de cette situation se montrent dans la littérature qui nous est restée de ces deux siècles.

Antérieurement, les douleurs mêmes de l’exil, ses regrets poignants, ses aspirations haletantes avaient fait naître une riche floraison de prophétie et de poésie. Dès que cette surexcitation est tombée, que l’espérance a fait place à la réalité, l’élan poétique se glace. La poésie psalmique devient languissante, se complaît dans les redites ou emprunte son vernis aux œuvres du passé. L’aimable idylle de Ruth est une exception dans la littérature de cette époque. L’exposition des faits historiques, — ce qui d’ailleurs se conçoit aisément, — est absolument négligée. Ezra et Néhémie avaient simplement rédigé des mémoires sur les événements dont ils furent témoins, mémoires écrits d’un style serré, sans nul souci de la forme littéraire. Tout à la fin de cette période, au terme de la domination persane (vers 336), un écrivain, — un Lévite, à ce qu’il semble, — composa un récit (la Chronique) s’étendant depuis la création jusqu’à son propre temps, et intitulé Histoire des jours (Dibré ha-yamim). Ce livre contient de précieux souvenirs des âges anciens, mais fort peu de renseignements sur les faits de fraîche date et sur le présent...

Cependant un homme parut sur la scène du monde, qui, voyant les divisions des Grecs à Athènes, à Sparte et ailleurs, leurs rivalités mesquines, leurs jalousies mutuelles et leurs faiblesses, sut exploiter cette situation à son profit. Il ne ménageait ni la flatterie