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Jérusalem, avait commis quelque méfait et en redoutait le châtiment, se réfugiait chez les Samaritains, qui l’accueillaient à bras ouverts. De ces éléments se forma na État pseudo judaïque, la secte des Samaritains, qui eut pour centre ou la ville de Samarie, d’où ils avaient pris leur nom, ou celle de Sichem. Les membres de cette secte formaient un petit peuple tenace, alerte, inventif, à qui Sanballat semblait avoir soufflé son esprit. Malgré sa faiblesse numérique, il s’est, par une sorte de prodige, conservé jusqu’à nos jours. En réalité, la naissance du samaritisme fut une victoire de la doctrine judaïque, si l’on considère qu’une population si disparate se sentit invinciblement attirée par elle, en fit l’étoile polaire de son existence et, en dépit de maintes mésaventures, ne l’a jamais abandonnée. La Thora, — ce code transmis par Moise et que les prêtres exilés de Jérusalem leur avaient apporté, — les Samaritains la révéraient à l’égal des Judaïtes, et réglaient d’après ses prescriptions leur conduite religieuse et civile. Pourtant, malgré cette communauté de principes, le peuple juif n’eut pas à se louer des nouvelles recrues acquises à sa doctrine. Loin de là, cette première secte judaïque lui prépara autant de maux qu’aucune de celles qui depuis se développèrent dans son sein. Les Samaritains ne furent pas seulement, pendant une longue période, ses plus violents ennemis, ils lui contestèrent nettement ses droits à l’existence. Ils soutenaient être les seuls héritiers légitimes d’Israël, niaient la sainteté de Jérusalem et de son temple ; et toutes les œuvres, tous les mérites du peuple juif n’étaient, à les entendre, qu’une falsification du judaïsme primitif. Ils ne cessaient de regarder furtivement du côté de la Judée, pour savoir ce qui s’y faisait et l’introduire chez eux, et pourtant ils auraient de bon cœur, s’ils l’avaient pu, étranglé leur modèle. Au reste, du côté des Judaïtes, la haine du voisin n’était pas moins grande : pour eux, c’était le méprisable peuple qui demeurait à Sichem. L’animosité qui avait régné entre Jérusalem et Samarie à l’époque du royaume d’Israël renaissait de ses cendres ; à la vérité, de politique qu’il était, son caractère, était devenu religieux ; mais elle n’en était que plus violente et plus passionnée.

Toutefois, l’existence de la secte samaritaine exerça sur les