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Vespasien se vengea cruellement des Judéens qui avaient essayé de secouer le joug de Rome. Et ce ne furent pas seulement les Judéens de Palestine, mais tous ceux de l’empire romain qui portèrent la peine de l’insurrection. La redevance annuelle de 2 drachmes (environ 1 fr. 90), qu’ils avaient L’habitude d’expédier au temple de Jérusalem, ils durent l’adresser désormais au temple de Jupiter Capitolin ; et Vespasien, toujours affamé d’or, se l’adjugea pour sa propre cassette. Ce fut le fiscus judaicus. Quant à ses amis et à ses complices judaïtes, Vespasien les combla d’honneurs et de richesses.

Bérénice habitait le palais de Titus, comme s’il eût déjà été son époux. Titus était si jaloux de cette femme qu’il fit étrangler un personnage consulaire, Cécina, son compagnon de table, parce qu’il le soupçonnait de commerce amoureux avec Bérénice. Pour flatter Titus, l’Aréopage, le Conseil des Six-Cents et le peuple d’Athènes érigèrent une statue à Bérénice, et lui consacrèrent une inscription pompeuse où on l’appelait la grande reine, la fille du grand roi Julius Agrippa. Titus paraît avoir songé sérieusement à l’épouser ; mais les Romains haïssaient trop les Judéens pour permettre un tel mariage. Titus dut se séparer d’elle tant que son père vécut.

Josèphe fut plus heureux. Vespasien et Titus le traitèrent avec les plus grands égards, comme s’ils avaient voulu le récompenser pour des services rendus. Il accompagna Titus à Rome lors de son triomphe ; il vit d’un œil tranquille l’humiliation de ses frères et applaudit méchamment à l’exécution infamante de ces héros. Vespasien lui fit cadeau de riches domaines en Judée, l’installa même à Rome dans son propre palais, et lui conféra le titre de citoyen romain. Josèphe possédait si bien la faveur de la dynastie flavienne, qu’il adopta le nom de famille de ses protecteurs : Flavius Josèphe, tel est, en effet, le nom sous lequel il est connu de la postérité. En raison de ces faits, les patriotes lui avaient voué une haine profonde, et, autant qu’il était en eux, cherchaient à troubler sa quiétude.

La prise des dernières forteresses de la Judée n’avait pas mis fin à la résistance des zélateurs. Partout où se portait leur course fugitive, ils portaient et implantaient la haine de Rome. Ceux qui