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en prison. Mais les guerriers judéens, épuisés par tant de luttes et par la famine, ne pouvaient plus repousser les assauts. Les Romains purent enfin escalader la muraille ; ils s’emparèrent des tours et se précipitèrent dans la ville haute, où ils massacrèrent tout ce qu’ils rencontraient. Le lendemain (8 éloul), le dernier quartier de la ville, — la ville haute ou Sion, — fut incendié à son tour. Les murs furent entièrement rasés, à l’exception des trois tours Hippicos, Mariamne et Phasaël, que Titus laissa debout comme monuments de sa mémorable victoire. Sous les ruines de Jérusalem et du temple furent ensevelis les derniers vestiges de l’indépendance politique de la Judée. Ce siège, dit-on, coûta la vie à plus d’un million de victimes. Si l’on y ajoute celles qui étaient tombées dans la Galilée, la Pérée et les villes de l’intérieur, on peut affirmer que la population des Judéens de Palestine était, en majeure partie, anéantie. De nouveau Sion était assise sur des ruines et pleurait ses fils morts, ses vierges traînées en captivité ou jetées en pâture aux appétits immondes d’une soldatesque brutale. Plus malheureuse encore qu’après sa première chute, aucun prophète n’était là pour lui prédire la fin de son veuvage et de ses épreuves.


CHAPITRE XX


LES SUITES DE LA GUERRE.
(76-78)


Qui pourrait décrire les souffrances des malheureux Judéens, tombés au pouvoir des Romains ? Les prisonniers faits pendant cette guerre dépassaient le nombre de 900.000. Ceux qu’on avait pris à Jérusalem, Titus les fit parquer sur l’emplacement du temple, en laissant à un affranchi, et à son ami Fronto plein pouvoir sur eux. Il n’excepta que les princes de la maison d’Adiabène ; mais