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Enfin, Titus concentra son armée entière, et vint camper près de Skopos (Tsophim, à 1.300 mètres au nord de Jérusalem). Avant de commencer le siège, il invita les habitants à lui ouvrir de bonne grâce leurs portes : il ne demandait que la soumission à l’autorité de Rome et le payement des impôts, comme avant l’insurrection. beur raisons dictaient cette modération à Titus. Il avait hâte de revenir à Rome, où l’appelaient des jouissances de toute sorte, des satisfactions d’orgueil et d’ambition. Ensuite, toujours épris de la princesse juive, à qui, malgré ses fautes, la sainte ville était restée chère, il lui répugnait de livrer Jérusalem à la destruction. Mais ses vaillants défenseurs rejetèrent toutes les propositions des émissaires de Titus. Ils avaient juré de défendre la ville au péril de leur vie et ne voulaient point entendre parler de soumission. Les Romains s’apprêtèrent donc sérieusement à l’attaque.

Tous les jardins et les plantations d’arbres au nord et à l’ouest de Jérusalem, désignés comme points de départ des opérations, furent saccagés sans pitié. Titus s’approcha, avec quelques éclaireurs, du rempart du nord pour reconnaître le terrain. Tout à coup, les Judéens s’élancèrent par une des portes, séparèrent Titus de ses compagnons et l’eussent indubitablement fait prisonnier, si la crainte de devenir la risée des Judéens n’eût doublé ses forces et si son escorte n’eût fait des efforts surhumains pour le dégager. Ce premier fait d’armes encouragea les Jérusalémites comme un heureux augure. Le lendemain, tandis que la Xe légion était occupée à dresser le camp sur le mont des Oliviers, elle fut surprise par des Judéens, et sa frayeur fut si grande qu’elle s’enfuit, laissant l’ouvrage interrompu. Toutefois, ces escarmouches, faits partiels et isolés, restaient stériles ; les Judéens se voyaient obligés, chaque fois, de rentrer dans la forteresse. Mais leurs sorties audacieuses montrèrent du moins aux Romains quelle lutte laborieuse ils auraient à soutenir.

Ils réussirent enfin à établir leur camp sur trois points et à dresser les machines contre le mur extérieur. Les travaux du siège commencèrent juste avec la fête de Pâque (mars ou avril 70), Titus s’imaginant sans doute que les Judéens, par scrupule religieux, n’oseraient les entraver. Mais à peine les Romains avaient-