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dans la révolution. Néron était mort, aussi honteusement qu’il avait vécu (9 juin 68). Galba avait été proclamé empereur et avait pris les rênes du gouvernement d’une main sénile et tremblante. Âgé et sans enfants, il dut songer au choix d’un successeur. Dans ce moment critique, où chaque jour pouvait amené une phase inattendue, Vespasien jugeait peu prudent de commencer le siège de Jérusalem. Il préféra adopter une attitude expectante et envoya son fils Titus avec le roi Agrippa à Rome, pour saluer le nouvel empereur et peut-être — ajoutait-on tout bas — pour le décider à l’adopter. Mais Titus, ayant appris à Corinthe que Galba venait d’être assassiné (5 janvier 69) et deux césars élu en même temps. Othon à Rome et Vitellius en Germanie, retourne vers son père le cœur gonflé d’espérance. Un autre aimant, du reste, l’attirait en Judée, à savoir, les charmes de la princesse Bérénice, qui, tout en observant strictement les pratiques du judaïsme, entretenait un commerce amoureux avec le païen Titus. Bientôt on apprit qu’Othon, obligé de lutter contre son rival germanique, avait à peine conservé cent jours le pouvoir impérial. Ainsi se montrait à nu le point vulnérable de ce puissant colosse romain : on savait désormais que le césar pouvait être choisi, non seulement à Rome par la garde prétorienne, mais par les légions dans les provinces. L’armée de Vitellius avait vaincu celle d’Othon.

Or, tandis que l’issue de la lutte entre Othon et Vitellius était encore douteuse, Vespasien caressait déjà la pensée de revêtir lui-même la pourpre impériale ; mais il hésitait à agir et avait besoin d’une impulsion. Il craignait surtout son rival Mucien, gouverneur de Syrie, avec lequel il était en mésintelligence et qui avait sous ses ordres un plus grand nombre de légions. Mais Titus qui ne cachait nullement ses vues ambitieuses, sut gagner Mucien à la cause de son père ; bien mieux, il l’amena à presser lui-même Vespasien de se faire proclamer empereur. Mais il était indispensable d’intéresser à cette cause un autre et puissant allié Tibère Alexandre, le fils de l’arabarque, gouverneur de l’importante province d’Égypte. C’est la main d’une femme qui se chargea d’ajouter cette maille au filet où il s’agissait de prendre ce beau gibier, — Rome. La princesse Bérénice était amie du gouverneur de l’Égypte ; en travaillant à l’élection de Vespasien, elle poursuivait