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devant les portes pour trouver moyen d’entrer dans la ville. Ce fut le parti aristocratique qui lui en fournit l’occasion.

Ce parti avait survécu à la défaite de ses chefs ; pendant quelque temps il avait fait le mort, tout en manœuvrant sourdement pour enlever le pouvoir aux zélateurs. Il avait à sa tète le grand prêtre Matthia, fils de Boéthos, et d’autres membres dés familles de grands prêtres. Ceux-ci surent gagner à leurs idées une partie du peuple, qu’effrayait la guerre imminente ; ils se liguèrent aussi avec les Iduméens de Jérusalem, gens intrépides et résolus. Tout à coup, d’après un plan concerté à l’avance, le parti asti-zélote et les Iduméens se jetèrent sur les zélateurs et les Johannistes, déconcertés par cette brusque attaque, et en tuèrent un grand nombre. Cependant les zélateurs dispersés dans la ville se remirent bientôt de leur surprise, coururent aux armes et se réunirent sur la colline du temple, où ils se préparèrent à faire payer à leurs adversaires ce sanglant coup demain. Surpris à leur tour, ceux-ci tinrent conseil et décidèrent d’appeler Siméon Bar-Giora et de le lancer avec ses bandes contre les zélateurs. Le ci-devant grand prêtre Matthia se rendit auprès de lui et l’invita à entrer à Jérusalem.

Avec l’arrivée de Bar-Giora (nissan, avril 68), la guerre civile se déchaîna dans toute son horreur. Bar-Giora se rendit, avec sa troupe et les Iduméens qui s’étaient joints à lui, sur la place du temple, où les zélateurs s’étaient retirés. Ceux-ci pouvaient, du haut des terrasses et des murailles où ils étaient postés, lancer à leurs agresseurs des pierres et autres projectiles et les forcer même à la retraite. Malgré sa bouillante ardeur, Bar-Giora dut se retirer avec ses hommes et chercher, sur des points moins exposés, une position plus avantageuse.

Ces luttes intestines, dénoncées à Vespasien et même exagérées par des transfuges, le décidèrent plus que jamais à rester à l’écart, dans l’espoir que le parti vaincu rappellerait, lui ouvrirait les portes et lui procurerait ainsi une victoire facile. D’ailleurs, en présence des graves événements qui s’étaient produits en Italie et dans les provinces romaines, théâtre de luttes meurtrières, Vespasien n’avait garde d’entreprendre un siège nécessairement long et difficile : il voulait avoir ses coudées franches pour intervenir