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allaient connaître à leur tour. A Ptolémaïs accoururent auprès de Vespasien les princes du voisinage, même Agrippa et sa sœur Bérénice, tous offrant leurs hommages et leurs troupes au général romain et témoignant ainsi de leur dévouement à Rome. Agrippa, il est vrai, était forcé jusqu’à un certain point de prendre ouvertement parti pour Rome contre la révolution judaïque, car les habitants de Tyr l’avaient accusé auprès de Vespasien d’être de connivence avec les rebellés. Pour dissiper tous les soupçons, il lui fallait déployer un excès de zèle. Dans le même temps, sa sœur Bérénice nouait avec Titus une intrigue amoureuse qui dura de longues années ; elle était beaucoup plus âgée que le fils de Vespasien, mais sa beauté avait résisté au poids des années.

L’armée avec laquelle Vespasien comptait triompher de l’insurrection judaïque se composait de corps d’élite et de troupes alliées, au nombre de plus de 50.000 hommes, outre le train des équipages qui suivait habituellement les légions. Les préparatifs ne furent terminés qu’au printemps, et la campagne s’ouvrit par l’expédition de corps détachés chargés de balayer les bandes de partisans qui infestaient les routes conduisant aux places fortes de la Galilée. Plus prudent que son prédécesseur Cestius, Vespasien, loin de procéder avec précipitation, mena la guerre, depuis le commencement jusqu’à la fin, avec cette lenteur calculée qui dispute le terrain pied à pied à l’adversaire. Josèphe, avec ses bandes, ne pouvait guère lui tenir tête, et il dut se retirer de plus en plus à l’intérieur. Chaque fois qu’il accepta la lutte, il éprouva une défaite. Son armée n’avait pas cette confiance qu’un général dévoué peut seul inspirer à ses troupes ; aussi ses soldats se dispersaient-ils dès que l’ennemi se montrait. Tout autre était l’esprit des Galiléens qui marchaient sous la conduite de Jean de Gischala. Lorsque les Romains s’approchèrent de la forteresse de Jotapata, les habitants de cette ville les chargèrent avec impétuosité, et, bien qu’ils ne pussent rompre les rangs serrés de l’ennemi, ils se battirent si vaillamment qu’ils mirent son avant-garde en fuite. Le plan de campagne de Vespasien comprenait d’abord la conquête de la Galilée, parce qu’il ne voulait pas laisser d’ennemis