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aussi d’une garde du corps composée de cinq cents hommes déterminés, qui obéissaient à son moindre signe. Il fortifia plusieurs villes de la haute et de la basse Galilée et y fit entasser des provisions de bouche. Bref, il prit, au début, d’énergiques mesures pour mettre le pays en état de défense. Dès son arrivée en Galilée, il ordonna, soit de son propre mouvement, soit sur l’invitation du Sanhédrin, la destruction du palais élevé par Antipas dans Tibériade, parce qu’on y voyait des figures d’animaux interdites par la loi judaïque. A cet effet, il avait convoqué les principaux habitants de la ville dans une bourgade voisine, Beth-Maon, et là il chercha à leur persuader de ne pas s’opposer à la destruction du palais. Mais pendant qu’il était en pourparlers avec Capellus et ses compagnons, Josué ben Sapphia le prévint, mit le feu à l’édifice et en distribua les richesses à ses hommes. Josèphe, mécontent, accourut à Tibériade pour saisir les trésors trouvés dans le palais et les confier à des mains sûres qui les garderaient au roi Agrippa. Par cette attitude ambiguë, Josèphe paralysait l’action des rebelles, bien loin de la favoriser.

Il haïssait particulièrement Jean de Gischala, dont l’activité infatigable et la supériorité intellectuelle excitaient sa jalousie, et qui pourtant, au début, respectait en lui le mandataire du Sanhédrin. Josèphe s’ingénia à multiplier les obstacles devant lui, comme devant tous les patriotes. Jean lui ayant demandé la permission de vendre le blé des redevances impériales en haute Galilée, et d’en employer le produit à rebâtir les murs de sa ville natale, Josèphe la lui refusa, et ce ne fut que sur les instances de ses deux collègues, Joazar et Juda, qu’il se décida à l’accorder. Éclairé désormais sur la duplicité de Josèphe, Jean se promit de faire tous ses efforts pour en prévenir les effets. Une occasion se présenta bientôt qui ouvrit les yeux aux Galiléens sur l’attitude louche du gouverneur.

Quelques jeunes gens de Dabaritta, petite ville près du mont Thabor, avaient pillé les bagages de la femme d’un intendant de Bérénice et du roi Agrippa, qui voyageait à travers le pays, et lui avaient enlevé une quantité de métaux précieux et de vêtements de luxe. Par attachement pour Agrippa, Josèphe eut soin de lui faire restituer cette prise, tandis qu’il faisait accroire aux jeunes