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Giora, la terreur des Romains, c’était Johanan (Jean), fils de Lévi. Jean de Gischala commença sa carrière en réunissant sous son drapeau les mécontents de la haute Galilée, en appelant à lui les fugitifs des villes syriennes, pour attaquer avec leur aide la population païenne des villes voisines et en châtier les déprédations. Jean était sans fortune et de complexion maladive ; mais c’était une de ces âmes de feu qui, maîtresses de leur corps, savent triompher des difficultés de la vie et forcer les circonstances à servir leurs desseins. Au début de l’insurrection de Galilée, il bornait son ambition à relever les murs de sa ville natale et à faire de Gischala le centre de la résistance, pour empêcher les ennemis du voisinage de recommencer leurs attaques et opposer un rempart de plus à la puissance romaine. Mais plus tard, s’étant enrichi en vendant de l’huile aux Judéens de Syrie et de Césarée de Philippe, qui ne pouvaient faire usage de l’huile des païens, il employa cette fortune à entretenir des bandes de patriotes. Il avait ainsi réuni plus de quatre mille hommes, dont le nombre grandit chaque jour. A Tibériade, autre foyer de la lutte, le parti de l’insurrection avait à combattre des adversaires dévoués à Rome, et il en résulta de fâcheux tiraillements. La belle cité sise au bord du lac appartenait depuis plusieurs années au roi Agrippa, et, sous le gouvernement de ce prince, elle n’était pas trop malheureuse. Cependant la majeure partie de la population tenait pour les zélateurs et cherchait à se soustraire à l’autorité d’Agrippa. L’âme de la révolte, dans cette ville, était Justus ben Pistos[1], qui s’était initié à la culture hellénique et qui écrivit plus tard l’histoire de sa nation en langue grecque. Justus était doué d’une éloquence entraînante et pouvait exercer une puissante action sur le peuple ; toutefois, son influence se bornait à la classe aisée de la population. Il était secondé par un autre zélateur, Josué ben Sapphia[2], à qui obéissaient les classes inférieures, les bateliers et les portefaix de Tibériade. Ces deux hommes avaient contre eux un parti aristocratique, fort attaché à Agrippa et aux Romains, et dont les chefs étaient Julius Capellus, Hérode ben Miar, Hérode ben Gamala et Kompsé bar Kompsé. Mais ce parti n’avait aucune influence sur le peuple et ne put l’empêcher d’entrer de plus en plus dans la révolution. A la nouvelle de la défaite de Cestius, les gens de Tibériade, sous la conduite

  1. Juste de Tibériade, historien et ennemi de Flavius Josèphe.
  2. Autrement prénommé Jésus.