Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/37

Cette page n’a pas encore été corrigée

temple. Il confia à quatre amis consciencieux la surveillance du dépôt des dîmes et le soin de les distribuer équitablement. Il parait aussi avoir rendu au culte sa dignité et en avoir écarté les serviteurs peu scrupuleux. Une grosse besogne qu’entreprit encore Néhémie, ce fut d’obtenir la dissolution des mariages mixtes qui avaient reparu de plus belle. Ici, il se trouva en collision avec la famille pontificale. Manassé, un fils ou un parent du grand prêtre Joïada, refusa de se séparer de sa femme Nikaso, fille du Samaritain Sanballat : Néhémie eut le courage de le bannir du pays, et d’autres Aaronides ou Judaïtes, qui ne voulaient pas se soumettre aux prescriptions de Néhémie, subirent le même sort.

Après avoir ainsi rétabli l’ordre et le respect de la Loi dans la capitale, il se rendit dans les villes de province, pour y faire pareillement disparaître les abus. Dans la région où les Judéens étaient en contact de voisinage avec des peuples étrangers, Asdodites, Ammonites, Moabites, Samaritains, les alliances matrimoniales avaient eu cette conséquence, que les enfants qui en étaient nés parlaient, pour moitié, la langue de leurs mères et avaient totalement désappris l’idiome judaïque. La pensée de voir des enfants d’Israël devenus ainsi étrangers à leur propre origine remplissait Néhémie d’indignation et de douleur. Il prit à partie leurs pères, les chargea d’imprécations et fit châtier les récalcitrants. Par cette énergique intervention, Néhémie réussit et à rompre les alliances mixtes et à conserver la langue nationale à la jeune génération.

La sanctification du sabbat, jusqu’alors négligé ou mollement observé, fut également obtenue par sa persévérance. Le travail, en ce saint jour, était défendu par la Loi ; mais quel genre de travail ? on ne l’avait pas encore expliqué. Les Judéens de la campagne, qui l’ignoraient, pressuraient la vendange le jour du sabbat, chargeaient leurs bêtes de sacs de blé, de raisins, de figues et autres denrées, et les apportaient au marché de Jérusalem. Dès que Néhémie eut connaissance de cette profanation du jour de repos, il manda les campagnards, leur remontra que leur conduite était fautive, et ils se soumirent. — Une autre coutume s’était invétérée à Jérusalem, contre laquelle il eut à soutenir