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coreligionnaires, Siméon voulut se donner la mort de ses propres mains. Après avoir tué ses vieux parents, sa femme et ses enfants, il se perça la poitrine de son épée et tomba expirant sur les cadavres des siens.

Née à Césarée, la guerre entre Judéens et païens s’étendit jusqu’à Alexandrie, et là aussi fit couler des flots de sang israélite ; calamité d’autant plus navrante que c’est un apostat qui en fut l’auteur. Les Grecs d’Alexandrie, dont la jalousie contre leurs concitoyens judaïtes n’était pas éteinte, songeaient à s’adresser à Néron pour obtenir que les Judéens fussent dépouillés des droits que Claude leur avait confirmés solennellement. A cet effet, ils se réunirent dans l’amphithéâtre pour nommer une ambassade. Quelques Judéens s’étaient glissés dans l’assemblée, saisie de fureur à leur vue, la foule se rua sur eux en les traitant d’espions, et traîna trois d’entre eux à travers les rues pour les brûler vifs. Les Judéens, outrés de ces mauvais traitements infligés à leurs frères, accoururent armés de torches et menacèrent de mettre le feu à l’amphithéâtre où les Grecs étaient encore rassemblés. Le gouverneur Tibère Alexandre se mêla à la querelle, que son intervention ne fit qu’envenimer : les Judéens le haïssaient comme apostat et lui reprochèrent sa défection. Perdant toute, mesure, Tibère Alexandre déchaîna ses légions sur le quartier des Judéens et lâcha la bride à leurs instincts mal contenus. Les soldats, avides de sang et de pillage, semblables à des bêtes fauves, se ruèrent sur le riche quartier du Delta, brûlèrent les maisons et remplirent les carrefours de sang et de cadavres. Cinquante mille Judéens périrent dans ce massacre, et celui qui l’avait commandé était le propre neveu de cet ardent patriote, le philosophe Philon !

Ainsi le branle donné par le chef des zélateurs, Éléazar ben Hanania, avait acquis une extension redoutable : la révolution, mise en goût par le premier sang, gagnait de plus en plus, mordait au cœur les plus indifférents et faisait de la nation presque entière une armée de zélateurs. Le nombre des combattants croissait de jour en jour ; les secours attendus de l’Adiabène et de la Babylonie étaient arrivés. Les membres de la famille royale d’Adiabène, les fils et les frères du roi Izate, Monobaze et Kénédaï, se mirent à la disposition des Judéens et tinrent ferme jusqu’au bout. Trois héros,