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de son avènement ? qui restera debout lorsqu’il apparaîtra ! Car il sera comme le feu des affineurs et comme la potasse des foulons. Il s’installera pour affiner et pour épurer, il purifiera surtout les fils de Lévi comme on purifie l’or et l’argent, et alors ils seront dignes de présenter l’offrande. - S’adressant au peuple entier, le prophète l’exhorte à ne pas imiter ces quelques pervers qui retiennent la dîme, mais à l’apporter comme autrefois dans la salle de dépôt. — Puis, portant ses regards, vers le lointain avenir, comme faisaient les anciens prophètes, Malachie prédit qu’un jour viendra, un grand et redoutable jour, où la différence du juste au méchant éclatera à tous les yeux. Avant la venue de ce jour suprême, Dieu enverra le prophète Élie, qui réconciliera les pères avec les enfants. Comme règle de leur vie, le dernier des prophètes signale à ses auditeurs la doctrine de Moïse, les lois et les statuts édictés sur l’Horeb...

C’est ainsi que le prophétisme fit ses adieux au peuple israélite. Grâce à la sollicitude d’Ezra, qui avait rendu la Thora accessible au grand nombre, qui lui avait créé un cercle d’adeptes pour la cultiver et l’enseigner, le verbe des prophètes devenait inutile. Désormais l’homme de Dieu pouvait être remplacé par le docteur, et l’inspiration prophétique par la lecture de la Loi dans les assemblées du peuple et dans les maisons de prières.

Néhémie, à la cour de Perse, eut-il connaissance des vœux qui le rappelaient à Jérusalem ? Savait -il que Malachie comptait sur sa présence pour réparer le désordre de la situation ? Il reparut inopinément dans les murs de la capitale juive. Il avait demandé au roi une nouvelle permission de visiter sa patrie religieuse (entre 430 et 424). Après son arrivée, il ne tarda pas à agir effectivement comme le feu des affineurs et comme la potasse des foulons. Il purgea la communauté de ses éléments impurs. Son premier soin fut d’expulser Tobie l’Ammonite de l’appartement que lui avait offert son parent spirituel Éliasib, et de déposséder ce dernier de ses fonctions. Puis il manda les chefs du peuple et leur reprocha amèrement d’avoir provoqué la désertion des Lévites par leur incurie à l’égard de la dîme. Son appel suffit pour engager les possesseurs de terres à réparer leur négligence, et les Lévites à rentrer dans Jérusalem pour le service du