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de choses allait être rétabli. On se mit à restaurer les colonnades, et des Judéens se répandirent dans les villes et villages des environs pour recueillir les impôts. Encouragé par ce premier succès et comptant sur son influence, Agrippa voulut risquer un pas de plus et persuader au peuple d’obéir à Florus jusqu’à la nomination de son successeur. Cette maladroite exigence remit tout en question. Le parti de la révolution reprit le dessus dans l’opinion publique ; on jeta des pierres au roi et on le força de quitter la ville. Le peuple, qui avait déjà été tant de fois trompé, voyant Agrippa soutenir la cause de Florus, de l’homme qui incarnait en lui l’injustice et l’impudence, craignait de subir de nouvelles intrigues et de nouvelles déceptions. Après le départ d’Agrippa, il ne pouvait plus être question de payer les impôts. On était heureux d’être délivré de ce fardeau, et les collecteurs n’osèrent sans doute, au milieu de la surexcitation générale, recourir à la force pour faire leurs rentrées. Le jour de l’abolition de l’impôt fat inscrit comme un jour de victoire (25 siwan - juin). — Entre temps, les sicaires n’étaient pas restés inactifs. Ils s’étaient réunis sous la conduite de Menahem, un descendant de Juda le Galiléen, s’étaient emparés de la forteresse de Massada (près de la mer Morte), en avaient massacré la garnison et pillé le magasin d’armes.

Profitant habilement de l’effervescence populaire, le zélateur Éléazar chercha à la pousser jusqu’à la rupture complète avec Rome. Il sut amener les prêtres placés sous ses ordres à ne plus accepter désormais ni dons ni sacrifices des païens. Telle était l’autorité de cet homme que, dès ce moment, on cessa d’offrir des sacrifices pour l’empereur. C’était l’acte décisif de l’insurrection par là, on signifiait en quelque sorte à Néron le refus d’obéissance. Le parti de la paix comprit bien toute la portée du fait et essaya de l’annuler. Les docteurs les plus considérés (appartenant sans doute à l’école de Hillel) déclarèrent dans une assemblée du peuple qu’il était illégal de fermer le sanctuaire aux offrandes des païens. Des hommes blanchis dans le sacerdoce vinrent affirmer qu’il était d’usage immémorial d’accepter les présents des étrangers. Mais les prêtres en fonctions ne voulurent rien écouter et se jetèrent à corps perdu dans le mouvement révolutionnaire.