Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/354

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour redoubler l’humiliation des Judéens, un païen de Césarée fit couvrir de boutiques la place située devant leur synagogue et qui était sa propriété, si bien qu’il ne restait qu’un passage étroit pour pénétrer dans la synagogue. La bouillante jeunesse judaïque essaya d’empêcher les travaux. Florus s’immisça d’abord dans la querelle ; mais, gagné à prix d’argent, il consentit à observer la neutralité, et pour n’être pas témoin des scènes qu’il prévoyait, il se retira à Samarie, laissant les deux partis en présence. Un jour de sabbat (iyar, mai 66), pendant que les Judéens étaient à l’office, un Grec immola des oiseaux dans un vase de terre, à l’entrée de la synagogue. C’était une allusion à l’accusation, lancée par certains écrivains contre les Hébreux, de descendre des lépreux expulsés d’Égypte. La jeunesse judaïque s’en émut, courut aux armes et tomba sur ses agresseurs. La bataille dura longtemps et finit par la défaite des Judéens. Ceux-ci aussitôt quittèrent la ville en masse, emportant leurs livres sacrés, et se réfugièrent à Narbata, petite bourgade voisine, d’où ils envoyèrent une députation au procurateur, à Samarie. Les délégués rappelèrent à Florus le présent qu’il avait reçu et la promesse qu’il avait faite de leur prêter son appui. Mais lui, au lieu de les écouter, leur parla durement et les tit jeter en prison.

La nouvelle de cet acte de violence mit en émoi toute la population de Jérusalem ; mais avant qu’elle prit prendre une résolution, Florus la provoqua comme par un nouveau défi : il ordonna aux préposés du temple de lui remettre dix-sept talents, pris dans le trésor sacré, desquels il prétendait avoir besoin pour le service de l’empereur. À cet ordre, dont le vrai motif était facile à deviner, le peuple se rassembla sur la place du temple, comme pour protéger le sanctuaire menacé. Les uns se répandirent en plaintes ; d’autres, plus hardis, invectivèrent contre le procurateur et parcoururent les rangs avec une aumônière, comme s’ils voulaient faire une collecte en faveur de ce pauvre Florus. Mais celui-ci se rendit en personne à Jérusalem, comptant bien y trouver l’occasion de satisfaire sa cupidité et ses goûts sanguinaires. Il s’installa devant le palais d’Hérode, fit comparaître devant lui le grand prêtre et les principaux habitants, et exigea qu’on lui livrât ceux qui avaient osé l’insulter. En vain, humbles et tremblants,