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attendent le retour du Messie. Les païens christianisés, au contraire, s’éloignent de plus en plus du judaïsme et le traitent en ennemi.


CHAPITRE XVII


AGRIPPA II. — DÉBUT DE L'INSURRECTION.
(49-66)


Tandis que le judaïsme affirmait sa supériorité par l’accession de nombreux prosélytes, tandis que semblait luire l’aube du glorieux jour entrevu par les prophètes, où les peuples de la terre tourneront leurs regards vers Sion, d’où sortira la lumière qui doit rayonner sur l’humanité, — en Judée et surtout à Jérusalem la nation souffrait du joug de Rome, devenu de plus en plus pesant depuis la mort d’Agrippa. Les misères du présent né permettaient guère dé se réjouir des événements considérables qui venaient de se produire et qui semblaient préparer les voies à la domination universelle du judaïsme. Un sombre crêpe, en effet, enveloppe les vingt dernières années de l’État judaïque. Il y règne une sorte d’angoisse continue, dont le souvenir nous émeut encore et nous serre le cœur. La nation judaïque nous offre, dans cette période, l’image d’une captive que ses geôliers martyrisent sans cesse et provoquent à secouer ses chaînes avec la furie du désespoir, jusqu’à ce qu’elle les ait brisées. La lutte sanglante entre Rome et la Judée, la première disposant de ressources immenses et accoutumée à la victoire, la seconde dépourvue de tous moyens matériels et forte seulement de sa volonté, cette lutte, disons-nous, éveille un intérêt d’autant. plus puissant que, malgré la disproportion des forces respectives, la faible fille de Sion aurait triomphé sans doute, si elle n’eût été déchirée par ses propres dissensions, livrée par des traîtres, et si elle avait pu attendre un moment plus favorable,