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conque, et qui devait orner la porte du sanctuaire intérieur : cette conque reflétait, en le multipliant, le premier rayon de soleil qui venait la frapper, et annonçait ainsi aux prêtres de service l’apparition du jour.

La nation voua à Hélène, la pieuse et généreuse prosélyte, un souvenir reconnaissant. Cette princesse survécut à son fils Izate, qui mourut à l’âge de 55 ans (vers l’an 55), laissant, dit-on, vingt-quatre fils et autant de filles. Il eut pour successeur son frère aîné, Monobaze II, qui ne montra pas un moins vif attachement au judaïsme. Lorsque Hélène mourut à son tour, Monobaze II fit transporter ses restes, ainsi que ceux d’Izate, à Jérusalem, et les fit déposer dans le magnifique sépulcre que la reine mère avait fait construire lors de son séjour dans la ville sainte. Le mausolée d’Hélène, situé à trois stades environ (570 mètres) au nord de Jérusalem, passait pour un chef-d’œuvre, remarquable surtout par ses trois pyramides ou colonnes d’un marbre blanc et transparent.

Hélène avait fait construire un palais dans la ville basse, et sa petite-fille, la princesse Grapté, en avait fait bâtir un autre dans le quartier de l’Ophla. Monobaze, qui avait lui-même un palais à Jérusalem, fit fabriquer en or les vases sacrés nécessaires aux cérémonies du jour d’Expiation. La famille d’Adiabène resta fidèlement attachée à la nation judaïque et lui prêta un énergique appui dans les mauvais jours.

Cet entraînement sympathique des païens religieux vers le judaïsme fut une bonne fortune pour le christianisme naissant. En exploitant, en exaltant cette disposition des esprits, il posait la première pierre de sa propre domination. Deux Judéens de langue grecque, Saul ou Saül de Tarse (connu sous le nom de Paul) et José Barnabas de Chypre, en recrutant principalement leurs prosélytes parmi les païens, donnèrent à la petite communauté nazaréenne une extension qui fit de cette secte juive une religion à part, mais qui, par cela même, en altéra le caractère originel. Dans les dix premières années qui suivirent la mort du fondateur, le modeste groupe s’était grossi d’un double appoint, fourni par les Esséniens et les Judéens des pays grecs. Les premiers, qui jusque-là, dans une extase mystique, attendaient d’un miracle l’avènement du royaume de Dieu, virent sans doute en