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aux plus aveugles l’absurdité, la bassesse et l’immoralité des religions païennes. Sous leurs mains, le radieux éther qui enveloppait l’Olympe mythologique s’évanouit comme une simple vapeur. Les bons esprits de la Grèce et de Rome, ceux qui avaient conservé au fond de leur âme le sens moral, reconnurent leur erreur et se détournèrent avec dégoût d’une religion qui, à une conception grossière de l’essence divine, semblait joindre l’apothéose du vice par l’exemple des dieux. Avides de foi comme tous les peuples anciens, affamés surtout de morale et de vérité, ces païens s’attachèrent au judaïsme, dont le caractère leur apparaissait de plus en plus clairement par la conversation des Israélites éclairés, par la traduction grecque des documents religieux du judaïsme et par la littérature des hellénistes d’Alexandrie.

Dans les années qui précédèrent la chute de l’État judaïque, les prosélytes se multiplièrent plus que jamais. En effet, ils trouvaient dans le judaïsme l’apaisement de leurs doutes et un aliment pour l’esprit et le cœur. Philon rapporte, comme un fait personnellement observé, que, dans son pays, les païens convertis au judaïsme, réformant leur manière de vivre, pratiquèrent la tempérance, la charité, la vraie piété, toutes les vertus. Les femmes surtout, dont la pudeur était blessée par les peintures cyniques de la mythologie, étaient attirées par la simplicité naïve et la grandeur que respirent les récits bibliques. A Damas, la plupart des femmes païennes avaient adopté le judaïsme. En Asie-Mineure, ainsi l’attestent des témoignages formels, nombre de femmes judaïsèrent. Quelques Judéens, trop zélés pour la propagation de leur culte, paraissent s’être voués à la conversion des païens, comme le prouve l’histoire de Fulvie, la patricienne romaine.

Grâce à cette ardeur de prosélytisme, la doctrine juive trouva accès auprès d’une famille royale d’Asie, dont les membres restèrent, pendant plusieurs générations, de fidèles sectateurs du judaïsme. La province d’Adiabène, sur le Tigre, était alors gouvernée par le roi Monobaze et par Hélène, à la fois sa sœur et son épouse. Ce petit État, quoique serré par ses grands voisins, Rome et les Parthes, sut maintenir son indépendance et subsista pendant plusieurs siècles. Parmi les enfants que Monobaze avait eus d’Hélène et de ses autres femmes, il en était un du nom d’Izate (