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devait seul régner désormais. Tous, même les femmes, les enfants en âge de raison, les serviteurs du temple et les prosélytes sincères, promirent par serment de rester fidèles aux obligations qu’ils venaient de contracter, et dont les principales étaient : d’abord, de ne pas marier leurs filles à des étrangers ni épouser eux-mêmes des étrangères, — point qu’Ezra et Néhémie placèrent en première ligne, parce qu’il leur tenait le plus au cœur ; — secondement, de chômer le sabbat et les fêtes ; et de ne rien acheter, ces jours-là, des marchandises qu’apportaient les étrangers. Item, de laisser les terres en friche et de faire abandon des créances, chaque septième année. Pour l’entretien et les besoins du temple, chaque adulte payerait annuellement un tiers de sicle (un franc) et fournirait à tour de rôle, à des époques fixées par le sort, du bois pour l’autel. On apporterait tous les ans au temple les prémices des fruits de la terre, on acquitterait les redevances des prêtres et des Lévites ; bref, on ne laisserait en souffrance aucun des intérêts du sanctuaire.

La teneur de ces engagements fut consignée sur un rouleau, souscrite et scellée par les chefs de famille de toutes classes. En tête des signatures était celle de Néhémie, sous laquelle quatre-vingt-trois ou quatre-vingt-cinq hommes notables apposèrent la leur. D’après une tradition, l’acte fut authentiqué par la signature de cent vingt représentants du peuple[8], corps imposant qui fut appelé la Grande Assemblée (Kenesseth ha-ghedolah).

Ce que Néhémie sut accomplir en si peu de temps est prodigieux. Non seulement il avait reconstitué l’État livré au désarroi, lui avait assuré la stabilité en, fortifiant sa capitale, l’avait mis à l’abri des coups de main et des invasions, mais il avait aussi réconcilié le peuple avec son antique doctrine.

Néhémie attachait du prix aux grandes assemblées populaires, à cause de l’impression qu’elles exercent sur les esprits. Aussi fit-il une seconde fois convoquer le peuple, pour procéder à la dédicace des murs restaurés par ses soins. Là encore, comme précédemment à la lecture de la Loi, femmes et enfants furent appelés à figurer. Vu les sentiments d’allégresse que devait naturellement provoquer cette cérémonie, il fit venir à Jérusalem tous les Lévites de la section musicale, afin qu’ils réjouissent les cœurs par leurs chants et