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en fissent partie, qui étaient nés de mariages mixtes. Il se fit donc remettre la liste des familles revenues de Babylone et examina la filiation de chacune d’elles. Cet examen fut des plus sévères. Trois familles, six cent quarante-deux personnes, qui ne pouvaient pas établir la pureté absolue de leur descendance, furent écartées ; et trois lignées d’Aaronides, qui ne pouvaient produire leurs tables généalogiques, furent déclarées, par Néhémie, déchues du sacerdoce jusqu’à nouvel ordre.

Néhémie avait donc fortifié Jérusalem, avait pris des mesures pour la repeupler, avait rendu à la communauté un centre et, pour ainsi dire, un corps solide et résistant. Dans ce corps, il restait à insuffler l’âme, — la Loi. Mais pour cela il lui fallait le concours des docteurs. C’est alors qu’Ezra, qui était resté dans l’ombre pendant cette période d’activité de Néhémie, rentra en scène. Le premier jour du septième mois, un jour de fête, il réunit tout le peuple, même des provinces, à Jérusalem, sur la vaste place qui s’étend devant la Porte de l’Eau. Là était disposée une haute tribune, d’où Ezra devait faire entendre la lecture de la Loi. Il importait de donner à la cérémonie une solennité saisissante et d’un effet durable. L’assemblée était nombreuse, on n’y comptait pas seulement des hommes, mais aussi des femmes et des adolescents. Lorsque Ezra déploya le rouleau de la Loi, toute l’assistance se leva, témoignant ainsi son respect pour le dépôt de la sainte doctrine ; et lorsqu’il procéda à la lecture par une formule de bénédiction, le peuple entier, levant les mains, y répondit par un retentissant amen. Alors Ezra lut à haute voix un chapitre de la Thora, que tous écoutèrent avec une attention profonde. A ceux qui ne pouvaient suivre le texte, femmes et gens de province, des Lévites versés dans les Écritures l’expliquèrent si bien que ceux-là aussi comprirent tout. Fortement émue en entendant la sainte parole, toute cette assemblée populaire éclata en pleurs. Le texte lu par Ezra était, très probablement, le passage du Deutéronome annonçant les terribles châtiments réservés aux violateurs de la Loi ; le peuple, y voyant sa condamnation, sentit vivement sa culpabilité, et son âme contrite se jugea indigne de la grâce divine. Ce ne fut pas sans peine que Néhémie, Ezra et les Lévites purent apaiser les consciences désolées. L’assistance, enfin rassérénée, célébra