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temple. Il fit revêtir d’or fin les battants de toutes les portes conduisant de l’avant-cour du temple au parvis intérieur, à l’exception de la porte du Nicanor.

Voulant sauver Agrippa, mais se défiant de sa folle prodigalité, il demanda à sa femme de se porter caution pour lui. Arrivé à Rome (printemps de l’an 36), Agrippa recommença sa vie aventureuse. Au début, Tibère, retiré à Caprice, fit bon accueil à cet ancien compagnon du fils qu’il avait perdu ; mais il lui retira bientôt sa faveur, lorsqu’il apprit quelles grosses sommes il devait au trésor impérial. Antonia, belle-sœur de Tibère et ancienne amie de Bérénice, la mère d’Agrippa, l’aida à sortir de ce nouvel embarras. Par son entremise, le jeune aventurier se vit réhabilité et devint l’ami intime de Caïus Caligula, l’héritier présomptif. Et comme si la fortune avait voulu épuiser contre lui tous ses caprices, Agrippa fut jeté dans les fers, parce qu’un jour, voulant flatter Caligula, il lui échappa de dire : Ah ! si Tibère s’en allait bientôt et laissait la couronne à plus digne que lui ! Un de ses esclaves avait rapporta le propos à l’empereur. Agrippa resta en prison jusqu’à la mort de Tibère, survenue six mois après. L’avènement au trône de son ami Caligula commença la fortune d’Agrippa. Le nouvel empereur, le tira de prison et, en souvenir de sa captivité, dont lui-même avait été la cause indirecte, lui fit don d’une chaîne d’or. Il lui octroya le diadème, insigne de la royauté, et ce qui composait autrefois la tétrarchie de Philippe, depuis dévolue à Rome. En même temps, le sénat romain lui décerna le titre de préteur (37). Telle était l’affection que lui avait vouée Caligula, qu’il ne le laissa partir pour la Judée qu’un an après, avec la promesse qu’il reviendrait bientôt le voir.

En revenant roi et favori de l’empereur (août 38) dans ce même pays qu’il avait quitté indigent et perdu de dettes, Agrippa excita la jalousie de sa sœur Hérodiade qui, dévorée d’ambition, pressa son mari de se rendre également à Rome et de demander, au jeune et libéral empereur, tout au moins un royaume. Ici se montrent, au naturel, les tristes sentiments dont les Hérodiens étaient mutuellement animés. Soit qu’il craignit de voir Antipas gagner lui aussi la faveur de Caligula, soit qu’il voulut se venger de l’injure qu’il en avait reçue jadis, Agrippa le noircit auprès de l’empereur,