Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/293

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’Hasmonéenne ; il avait donc à la fois du sang hasmonéen et iduméen dans les veines, et cette double origine lui avait donné des instincts opposés qui se disputèrent d’abord son esprit, mais dont le meilleur finit par prévaloir. Élevé à Rome et ayant grandi auprès de Drusus, le jeune fils de Tibère, Agrippa, au début, se montra un parfait Hérodien : plat valet de Rome, gaspillant sa fortune et s’abîmant de dettes pour capter la faveur des maîtres. Lorsque la mort de son ami Drusus (23 après J.-C.) l’obligea de quitter Rome et de revenir en Judée, il se trouva réduit à une telle détresse qu’il lui fallut vivre dans un coin de l’Idumée, lui qui frayait naguère avec les fils des Césars. Un moment, il songea au suicide ; mais son épouse Kypros, une femme de grand cœur, chercha à le sauver du désespoir en recourant à sa sœur Hérodiade, la princesse de Galilée, qui, vaincue par ses instances, décida son époux Antipas à subvenir à son entretien. Agrippa fut nommé inspecteur des marchés de Tibériade. Mais un jour, Antipas lui ayant reproché sa dépendance, Agrippa le quitta et se réfugia auprès de Flaccus, gouverneur de la Syrie, dont il se fit le parasite. Agrippa perdit bientôt cette nouvelle et équivoque situation, et cela, par le fait de son propre frère Aristobule, jaloux de la faveur dont il jouissait auprès du Romain. Abandonné et détesté des siens, Agrippa songea à tenter de nouveau la fortune à Rome, mais il n’y trouva que la prison pour dettes, à laquelle il échappa à grand’peine. Il parvint à gagner Alexandrie, où le Judéen le plus riche et le plus considéré de la ville, l’arabarque Alexandre Lysimaque, chez qui il s’était réfugié, lui fournit les ressources nécessaires pour le voyage.

Ce Lysimaque, un des plus nobles Israélites de son temps, était l’administrateur des biens de la jeune Antonia, fille du triumvir Antoine et de sa première femme, la sœur d’Auguste (Celui-ci avait donné à sa nièce la fortune qu’Antoine avait laissée en Égypte). Lysimaque rendit tant de services à la famille impériale qu’il en devint le fils adoptif et put ajouter à son nom celui de l’empereur : Tiberius Julius Alezander. Sans aucun doute, il avait été initié à cette brillance culture grecque, dont son frère Philon était un des adeptes les plus distingués. L’arabarque n’en était pas moins profondément attaché à ses coreligionnaires et au