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Hérode Antipas, il était forcé de fuir de retraite en retraite. Dans cette détresse où il se trouvait, quelqu’un ayant voulu s’attacher à ses pas, Jésus lui dit : Les renards ont leur tanière et les oiseaux de l’air ont leur nid, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. Pour dissiper tout malentendu au sujet de son attitude vis-à-vis de la Loi, il répondit à un Pharisien qui voulait s’attacher à lui et qui lui demandait ses conditions : Si tu veux posséder la vie éternelle, garde les commandements de la Loi, vends ton bien et distribue le produit aux pauvres, c’est-à-dire à mes disciples, qui ont fait vœu de pauvreté.

Après avoir traversé Jéricho, Jésus arriva dans le voisinage de Jérusalem. Ne pouvant pas résider dans la ville même, il s’établit à proximité, au village de Béthanie, au nord de la montagne des Oliviers, où habitaient les lépreux, auxquels le séjour de la ville sainte était interdit. C’est dans la maison d’un de ces lépreux, nommé Siméon, qu’il trouva un asile. Les autres partisans qu’il recruta à Béthanie appartenaient également à la basse classe, comme Lazare et ses sœurs, Marie et Marthe. Nos documents ne mentionnent qu’un seul riche habitant de Jérusalem, Joseph d’Arimathie, qui se soit fait partisan de Jésus.

Sur l’entrée de Jésus à Jérusalem et sur son apparition au temple, la légende a jeté un tissu où l’on trouve plus d’emphase que de vérité historique. Le peuple, dit-on, lui fit une escorte triomphale, en chantant hosanna. Mais n’est-ce pas ce même peuple qu’on dit avoir, quelques jours plus tard, demandé à grands cris sa mort ? L’une et l’autre allégation sont fausses et ont été imaginées, la première, pour établir la reconnaissance de Jésus Messie par le peuple ; la seconde, pour faire peser le crime de son exécution sur la nation entière. L’histoire de Jésus faisant irruption dans le temple, chassant les vendeurs de pigeons, renversant les tables des changeurs, est également dénuée d’authenticité. De pareils traits devaient faire sensation et n’eussent pas manqué être rapportés par les autres documents de cette époque. Nous ne sachions pas, d’ailleurs, que changeurs ni marchands de pigeons aient tenu boutique dans l’intérieur du temple.

Du reste, l’attitude prise par Jésus vis-à-vis du peuple, du Sanhédrin et des partis, — je veux dire la question de savoir s’il