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tous deux fils d’un certain Jonas, et exerçant la profession de pêcheurs , le premier médiocrement attaché à la Loi ; il y avait aussi les deux fils d’un certain Zébédée, nommés Jacques et Jean. Un riche publicain, que les sources nomment tantôt Matthieu, tantôt Lévi, s’était attaché à Jésus : celui-ci résidait d’ordinaire dans sa maison et y frayait avec d’autres compagnons de cette classe méprisée. Il y avait aussi, dans son entourage, des femmes de mœurs suspectes, et parmi celles-ci la célèbre Marie Madeleine (Magdalena, de la ville de Magdala, prés de Tibériade), qu’il eut à débarrasser de sept démons, c’est-à-dire de sept vices. De ces misérables pécheresses, Jésus fit des pénitentes pleines de ferveur. Assurément, c’était un spectacle nouveau pour l’époque que ce docteur judéen fréquentant des femmes et surtout de pareilles femmes !

Cependant il sut élever jusqu’à lui, par l’enseignement et par l’exemple, tous ces pécheurs, ces publicains, ces créatures perdues et sans mœurs ; il sut leur inculquer l’amour de Dieu de manière à les transformer en dignes enfants de leur Père céleste ; il sut purifier et sanctifier leur cœur, réformer leur conduite, en faisant luire à leurs yeux l’espoir d’entrer dans le royaume des cieux. C’est là, à vrai dire, le plus grand miracle qu’il ait accompli. Jésus enseigne surtout à ses disciples les vertus passives des Esséniens, l’abnégation, la modestie, le mépris des richesses, la tolérance, l’amour de la paix. Il leur recommande de ne posséder ni or, ni argent, ni monnaie de cuivre, de n’avoir ni souliers aux pieds, ni vêtements de rechange. Il les invite à ressembler aux enfants, à se régénérer pour être comme eux innocents et purs, et mériter de jouir des prochaines félicités du monde messianique. Il exalte l’amour au prochain jusqu’à l’oubli de soi-même : Si quelqu’un te frappe sur une joue, tends-lui l’autre ; si quelqu’un t’enlève ton manteau, donne-lui aussi ta chemise. Il ne veut pas que les pauvres se mettent en peine de leur nourriture ni de leur habillement ; mais qu’ils prennent exemple sur les oiseaux du ciel, et les lis des champs, qui sont nourris et vêtus sans qu’il leur en coûte de soucis. Aux riches, il apprend la vraie façon de faire l’aumône : Il faut que la main gauche ignore ce que fait la main droite. Aux