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Les Galiléens passaient pour gens emportés, incommodes, ergoteurs. De plus, le voisinage de la païenne Syrie avait fait pénétrer chez eux mainte croyance superstitieuse. Il y avait en Galilée nombre de possédés, de démoniaques, car l’intelligence bornée des habitants attribuait certaines maladies à l’influence des démons. Par une autre conséquence du voisinage de la Syrie, le dialecte galiléen était corrompu et mélangé d’éléments aramaïques. Les Galiléens ne prononçaient pas l’hébreu avec pureté, ils confondaient certains sons, altéraient certaines lettres, au point de s’attirer souvent les railleries des Judéens, qui attachaient un grand prix à la bonne prononciation. On reconnaissait les Galiléens au premier mot qu’ils prononçaient, et on ne les laissait pas volontiers faire les offices, parce qu’ils provoquaient des rires peu compatibles avec la dignité du culte.

Nazareth, la ville natale de Jésus, n’offrait rien de remarquable : c’était une petite ville en pays de montagne, dont le territoire, loin d’être plus fertile que le reste de la Galilée, n’égalait pas, à beaucoup près, celui de Sichem, si riche en sources. Galiléen d’origine, Jésus ne pouvait, en aucune façon, posséder cette grande connaissance de la Loi que les écoles de Schammaï et de Hillel avaient rendue si commune en Judée. Son savoir peu étendu et la langue corrompue qu’on parlait dans son pays natal ne lui permettaient guère d’étendre son action au delà. Toutefois, le caractère suppléait chez lui au manque de connaissances. Il parait avoir possédé un sens moral très profond et avoir vécu en saint : cela ressort et de tous ses discours authentiques et même des doctrines, plus ou moins apocryphes, que lui ont prêtées ses disciples. Sa douceur et son humilité rappellent les vertus de Hillel, qu’il semble avoir pris pour modèle et à qui à a emprunté sa belle maxime : Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fit, pour en faire le point de départ de sa propre doctrine. Ainsi que Hillel, Jésus regardait l’esprit de paix et de mansuétude comme la première vertu. Il était pénétré de ce profond sentiment religieux qui pousse l’homme à consacrer à Dieu non seulement l’heure de la prière ou une journée de recueillement, mais chaque instant de la vie, chaque mouvement de l’âme ; qui se soumet uniquement à sa volonté et se confie, en toutes