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roi Artaxerxés, non seulement de restaurer les murs, mais encore d’administrer tout le pays, et qu’il était résolu de mettre fin à la honte et à la misère de l’État judaïque. Il trouva tous ces hommes prêts à le soutenir, à lui prêter même un concours actif. Ceux-là mêmes qui étaient alliés à des familles étrangères, qui vivaient dans les meilleurs termes avec elles, applaudirent à ses desseins. Mais la tâche que s’était imposée Néhémie était des plus difficiles. Il s’agissait de restaurer une société complètement désorganisée, dont les membres, dominés par la crainte, la faiblesse, l’intérêt ou des considérations de diverses natures, n’étaient pas assez fermes pour braver les dangers. Son premier souci était de fortifier Jérusalem, condition sans laquelle toute entreprise et toute amélioration se trouveraient à la merci d’un coup de main.

Néhémie dirigea lui-même les opérations, et les facilita par la division du travail. Chaque famille patricienne fut chargée de réparer une portion de la muraille, de mettre en place et d’assujettir une des portes de la ville.

Toutefois, ce travail de réfection ne marcha pas sans encombre. Les demi prosélytes qu’on avait éconduits, Sanballat et Tobie en tête, ces hommes à qui Néhémie, dès le début, avait dit nettement : Vous n’aurez point de part, point de droit, point de souvenir dans Jérusalem, déployèrent autant d’ardeur à entraver son œuvre que lui à l’accomplir. Ils procédèrent d’abord par la ruse, cherchèrent à rendre suspects les desseins de Néhémie, l’accusèrent de vouloir secouer l’autorité de la Perse, de nourrir l’ambitieux projet de régner sur les Judéens. Puis ils s’efforcèrent de décourager les travailleurs, se moquant du peu de solidité de leur mur, qu’un chacal enfoncerait en se jetant au travers. Mais quand les murs furent arrivés à mi-hauteur et bien fermés, les ennemis firent le complot de tomber sur les travailleurs et de détruire leur ouvrage. Mais Néhémie veillait. Depuis ce moment, par ses ordres, une partie de ses hommes et les chefs Judaïtes montaient la garde en armes ; les ouvriers avaient l’épée au côté, et les hommes de peine portaient le fardeau d’une main et une arme de l’autre. Pour accélérer le travail, Néhémie occupa ses hommes depuis l’aube jusqu’à la nuit, organisa une surveillance active à l’intérieur de Jérusalem, tellement que les gardes ne