Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/256

Cette page n’a pas encore été corrigée

le testament, sauf qu’il n’accorda pas à Archélaüs le titre de roi, mais celui plus modeste d’ethnarque. C’était, pour Auguste, un devoir de convenance de déférer aux dernières volontés d’un prince qui, après tout, avait servi les Romains avec zèle et dévouement, et que lui-même avait traité en ami. Du reste, que la Judée fût soumise à Rome comme ethnarchie ou comme province, le trésor impérial n’y perdait rien. Le règne d’Archélaüs fut court et obscur (de l’an 4 avant J.-C. à l’an 6 de l’ère chrétienne). De toutes ses qualités, Hérode ne transmit à sa descendance que son goût pour les constructions et sa servilité à l’égard de Rome. Au fond, c’étaient des esprits faibles, et leur tyrannie même avait quelque chose de petit et de mesquin. Au début, Archélaüs (qui, sur les monnaies, porte aussi le nom d’Hérode) parut vouloir apaiser le ressentiment causé par le massacre dont le parvis du temple avait été le théâtre. Cédant au vœu de l’opinion publique, il déposa le grand prêtre Joézer, de la famille de Boéthos, et mit à sa place son frère Éléazar, qui ne put, lui non plus, se maintenir et fut bientôt remplacé par un certain Josué, de la famille de Sié. Celui-ci, à son tour, dut faire place à l’ancien grand prêtre Joézer ; ainsi, trois pontifes dans l’espace de neuf ans.

La seule expédition entreprise par Archélaüs fut dirigée contre le chef de bande Athrongès, qui avait su se maintenir, même après la mort de ses quatre frères. Mais à ne put le vaincre, tout affaibli qu’il fût, et, pour obtenir la soumission de cet aventurier, il dut souscrire à ses conditions. Son mariage avec sa belle-sœur Glaphyra, la veuve d’Alexandre, blessa les sentiments des Judéens pieux. La belle Cappadocienne avait eu deux fils de son premier mariage ; Tigrane, le cadet, et le fils de l’aîné, qui portait le même nom, devinrent plus tard rois de la grande et de la petite Arménie. Après la mort tragique d’Alexandre, Glaphyra avait épousé Juba, le roi lettré des Numides ; puis, divorcée d’avec celui-ci, devint la femme d’Archélaüs, frère de son premier mari, union interdite par la loi judaïque. — C’est à peu près tout ce qu’on connaît de la vie de ce prince. Sur la plainte des Judéens et des Samaritains, qui l’accusaient de tyrannie, il fut détrôné par Auguste, envoyé en exil, et s’en alla mourir à Vienne, dans les