Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/254

Cette page n’a pas encore été corrigée

par des chefs intelligents, qui lui eussent donné un but capable d’électriser la nation, la querelle des Hérodiens au sujet de la possession de la couronne aurait eu sans doute une issue différente de celle qu’ils attendaient. Mais l’irritation qui régnait dans le pays, n’ayant point de centre de ralliement, et ne servant qu’à satisfaire des ambitions personnelles, fit plus de tort à la nation elle-même qu’à ses ennemis. Deux mille soldats, probablement iduméens, qu’Hérode avait licenciés peu de temps avant sa mort, troublaient la région du Midi. Un certain Siméon, esclave d’Hérode, remarquable par sa taille et sa belle prestance, rassembla une bande de mécontents qui le proclamèrent roi, et incendia le palais de Jéricho et d’autres citadelles royales. Un autre aventurier, originaire de la Pérée, et dont on ne connaît point le nom, mit le feu avec sa horde au palais de Bethramta (Livias), près du Jourdain, où l’on cultivait le baumier. Un troisième aventurier, un berger du nom d’Athrongès, d’une taille colossale et d’une force herculéenne, secondé par ses quatre frères, quatre géants comme lui, ceignit aussi le diadème et osa s’attaquer aux Romains, intercepta leurs approvisionnements, et, plus courageux que tous les autres, fut le dernier à tenir la campagne et à poursuivre ses déprédations.

Un seul de ces chefs de bande avait un but bien arrêté, et, s’il eût été soutenu par de fidèles partisans et favorisé par la fortune, il aurait causé assurément plus de mal que tous les autres aux Hérodiens et aux Romains. Cet homme, c’était Juda le Galiléen, de Gamala en Gaulanitide, fils de cet Ézékia dont le meurtre avait été le premier exploit d’Hérode. Juda le Galiléen, qui avait sucé avec le lait la haine des Hérodiens et de Rome, forma un parti qui, plus tard, devait dominer la nation tout entière et causer aux Romains plus d’embarras que les Gaulois et les Germains : le parti des Zélateurs. Juda était alors dans toute la maturité de l’âge. Il sut communiquer à tous les cœurs sa fièvre patriotique et sa haine des Romains, et recruta de nombreux adhérents dans l’énergique population de la Galilée. A la tête de ce parti, il s’empara des dépôts d’armes de Sepphoris, la capitale de la Galilée put ainsi armer ses gens, leur donner une solde, et devint la terreur de tous ceux qui tenaient pour Rome.