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jusqu’à la ratification du testament d’Hérode, comme il l’avait promis à Varus, il se hâta d’accourir à Jérusalem. Les gardiens du trésor, installés par Archélaüs, ayant refusé de lui obéir, Sabinus essaya de soulever le peuple, afin d’avoir un prétexte d’intervenir.

Cependant la fête des Semaines approchait. A cette occasion, une multitude de Judéens accoururent à Jérusalem des pays d’en deçà et d’au delà du Jourdain. La plupart étaient venus avec la pensée d’attaquer les Romains et les Hérodiens. Sous la conduite de chefs improvisés, les Judéens s’emparèrent de la colline du Temple et de l’hippodrome et pressèrent les Romains cantonnés dans le palais d’Hérode, dans la ville haute. Sabinus se crut perdu. Cependant il excita ses soldats à attaquer le temple, après avoir envoyé dire à Varus de lui amener du renfort. Les Judéens qui, du haut des murailles du temple, faisaient pleuvoir sur les Romains une grêle de pierres et de flèches, allaient rester vainqueurs. Mais les Romains jetèrent des matières inflammables sur le toit des colonnades et y mirent le feu. L’incendie se propagea si rapidement que les défenseurs du temple n’eurent plus le temps de se sauver : ils périrent dans les flammes ou sous les coups des Romains, ou se tuèrent volontairement. Aussitôt que le temple fut abandonné de ses défenseurs, les Romains se précipitèrent dans les parvis pour piller le trésor. Sabinus, à lui seul, s’empara, dit-on, de quatre cents talents. Le reste des déprédations commises par les Romains n’est indiqué que fort sommairement par les sources. Le pillage du trésor, la profanation du sanctuaire, l’incendie des galeries du temple, achevées depuis dix ans à peine, allumèrent la fureur du peuple et suscitèrent de nouvelles attaques contre Sabinus. Les troupes hérodiennes elles-mêmes passèrent en grande partie du côté des Judéens, pour les aider à combattre les Romains. Les révoltés assiégèrent le palais d’Hérode, et creusèrent des mines destinées à faire crouler les tours. Sabinus, ballotté entre la crainte d’être vaincu par les Judéens et l’espoir de triompher de la révolte avec le renfort attendu, se retira dans la citadelle du palais.

A la suite de ces événements, toutes les horreurs de l’anarchie se déchaînèrent sur la Judée entière. Si la révolte avait été dirigée