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au capitaine des gardes que le roi, en mourant, avait révoqué l’arrêt de condamnation.

Plus désireux encore de la faveur populaire, Archélaüs, les jours de deuil écoulés, se rendit dans l’avant-cour du temple et, monté sur une tribune en forme de trône, promit de réparer les injustices commises par son père et de tout régler à la satisfaction générale. Mais le peuple, encouragé par cette déférence, ne se contenta pas de promesses aussi vagues : il formula d’une manière précise ses griefs, insistant sur une prompte réparation. Cinq points déterminés formaient l’objet des revendications du peuple diminution des impôts ; abolition des droits sur les achats et les rentes ; élargissement des prisonniers politiques ; punition des membres du conseil qui avaient voté la mort des jeunes gens dans l’affaire de l’aigle ; enfin, la déposition du grand prêtre Joézer et son remplacement par un autre plus digne. Ce qu’on réclamait, à vrai dire, c’était un nouveau système de gouvernement et la condamnation formelle de la tyrannie d’Hérode.

Quoique la mémoire de son père ne lui tint guère à cœur, Archélaüs ne pouvait pourtant pas accéder à de pareilles exigences. Ne voulant pas irriter le peuple, il consentit à tout, renvoyant toutefois l’accomplissement de ce programme à l’époque de la ratification, par Auguste, du testament d’Hérode. Mais les milliers de Judéens qui avaient afflué à Jérusalem, la veille de Pâque, de tous les coins du pays, guidés par les pharisiens qui enflammaient les esprits en rappelant le martyre de Juda, de Matthia et de leurs disciples, ne se laissèrent pas éconduire et persistèrent dans leurs exigences. Archélaüs, craignant une sédition et voulant la prévenir, envoya une cohorte pour dissiper le rassemblement. Mais les soldats furent accueillis à coups de pierres et forcés de fuir. Cependant la journée s’avançait, et le peuple, occupé du sacrifice pascal, oublia momentanément sa colère. Alors Archélaüs, rassemblant tous ses fantassins, les tança contre le peuple avec ordre de tout massacrer ; il avait posté des cavaliers dans la plaine pour saisir les fuyards. Trois mille Judéens périrent sur la colline du Temple et dans les rues avoisinantes de la ville ; le reste se dispersa. Des hérauts publièrent dans Jérusalem que la fête de Pâque était interdite cette année là (l’an 4)