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mettre en liberté. Le geôlier, ne voulant pas risquer légèrement sa tête, courut dans les appartements du palais pour s’assurer si le roi vivait encore. Quand Hérode apprit de sa bouche qu’Antipater espérait lui survivre, il ordonna à ses gardes de le mettre à mort sur-le-champ, ce qui fut fait. Bien qu’Antipater eût mérité dix fois ce châtiment, sa mort indigna cependant tous les cœurs : c’était le troisième de ses fils qu’Hérode condamnait au supplice. A la nouvelle de l’exécution d’ Antipater, Auguste, dont les sentiments n’étaient guère plus tendres pour sa propre fille Julie, ne put s’empêcher de s’écrier : J’aimerais mieux être le pourceau d’Hérode que son fils.

Plus tard, la légende attribua à Hérode le massacre de tous les enfants de Bethléem et des environs, âgés de moins de deux ans, parce qu’il avait appris que le Messie, fils de David, était né dans ce bourg. Mais ce crime-là, du moins, n’est pas imputable à ce grand criminel.

La dernière pensée d’Hérode fut encore une pensée odieuse il manda à Jéricho les plus notables Judéens, les fit enfermer dans l’hippodrome et ordonna à sa sœur Salomé et au mari de celle-ci, Alexas, de les faire tuer par ses gardes, dès qu’il aurait rendu le dernier soupir : il voulait que la nation pleurât, à ses funérailles, au lieu de manifester de la joie. Il mourut cinq jours après l’exécution d’Antipater (au printemps de l’an 4), à l’âge de soixante-neuf ans, la trente-septième année de son règne. Ses flatteurs l’appelèrent Hérode le Grand, mais le peuple ne vit en lui que l’esclave hasmonéen. Tandis que ses dépouilles étaient transportées en grande pompe à Hérodium, accompagnées de mercenaires thraces, germains et gaulois, et des troupes qu’on nommait les soldats d’Auguste, le peuple célébra sa mort comme un jour de fête.