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Évidemment, Hérode a embelli la Judée, mais comme on pare une victime vouée à la mort.

Mais ces constructions, qui satisfaisaient son amour du faste, ne suffisaient pas à son ambition. Renonçant à l’attachement de ses sujets, il voulait forcer l’admiration des nations voisines et rendre son nom populaire parmi elles. Il accabla le peuple d’impôts, multiplia les exactions, fit ouvrir les tombeaux des rois pour y trouver des trésors ; ceux qui étaient accusés de quelque vol, il les vendait comme esclaves à l’étranger. Toutes ces recettes passèrent en prodigalités et furent employées à embellir des villes de Syrie, d’Asie Mineure et de Grèce.

Toutefois, si Hérode jouissait de l’admiration et de la sympathie des Grecs, des Romains et des Judéens de la dispersion, le peuple de la Judée n’éprouvait que de l’aversion pour l’insolent parvenu qui cherchait à détruire les mœurs et les coutumes des ancêtres. En vain, lors d’une famine terrible qui engendra des maladies épidémiques (24), Hérode avait multiplié les secours ; sa conduite fit bientôt oublier ses bienfaits, et la nation entière ne vit en lui que l’usurpateur, le meurtrier des Hasmonéens, l’oppresseur de la liberté. N’avait il pas déshonoré, en y touchant, les trois plus hautes institutions : la royauté, le pontificat et le sanhédrin ? Usurpateur de la couronne, il avait osé disposer de la tiare pontificale suivant son bon plaisir. Après Ananel, il avait institué, comme grand prêtre, Josué, de la famille des Phabi ; mais, ensorcelé par une belle vierge, une autre Mariamne, fille d’un prêtre obscur, Siméon, il éleva celui-ci au grand pontificat, afin de pouvoir contracter une union moins disproportionnée (24). Siméon, originaire d’Alexandrie, était le fils de ce Boéthos, souche de la grande famille des Roéthusiens, qui donnèrent plusieurs grands prêtres à la Judée. Ces empiétements hardis que se permit Hérode n’étaient pas faits pour lui gagner l’amour de la nation. Connaissant la défaveur dont il était l’objet et ne pouvant la faire cesser, il voulut du moins réduire ses ennemis à l’impuissance. Il exigea du peuple le serment de fidélité (20) et punit sévèrement ceux qui se refusaient à le prêter. Les esséniens seuls, que leur règle empêchait de jurer, furent exemptés du serment. Du reste, comment aurait-il pu les craindre,