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constructions et pour les spectacles, ce prince termina ses jours au milieu des complots sans cesse renaissants, des intrigues de cour suivies de nouveaux crimes et de nouvelles exécutions. Pour conserver les bonnes grâces d’Auguste, il institua à Jérusalem des fêtes quinquennales en mémoire de la bataille d’Actium ; il bâtit un théâtre et un hippodrome, organisa des luttes d’athlètes et des combats d’animaux. Les Judéens virent avec raison dans ces mesures des tentatives faites pour transformer le culte national en religion païenne ; les trophées et les aigles romaines qui décoraient le théâtre, c’étaient, à leurs yeux, les idoles de Rome envahissant la Judée : de là une violente irritation. Hérode donna bientôt au peuple un autre sujet de mécontentement. Non seulement il fit orner (l’an 25) de nouvelles et magnifiques constructions la ville de Samarie, si odieuse aux Judéens, mais il songea même à en faire la capitale du royaume et il manifesta publiquement son projet. Il lui donna le nom de Sebaste, en l’honneur d’Auguste, comme jadis la citadelle de Baris, l’arsenal des Hasmonéens au nord-ouest du temple, avait reçu de lui le nom d’Antonia, pour flatter Antoine. Il remplit la Judée de villes et de monuments portant les noms de ses protecteurs romains ou de membres de sa famille. La tour de Straton, sise au bord de la mer, fut transformée par lui, au prix de dépenses considérables, en une ville maritime de premier ordre, qu’il nomma Césarée (Kisrin). Hérode ne se fit même point scrupule d’ériger un temple romain en Terre sainte. Césarée fut ornée de deux colosses, l’un représentant Auguste en Jupiter olympien ; l’autre, la ville de Rome sous les traits de Junon. Lorsque la cité nouvelle, à laquelle Hérode avait travaillé pendant douze ans (23 à 12), fut inaugurée par des fêtes somptueuses, on put se croire transporté dans une ville païenne : aussi lui donna-t-on le nom de Petite Rome. Plus tard, cette ville devint le site du gouvernement romain, la rivale de Jérusalem et enfin sa maîtresse. Chaque fois que Césarée se réjouissait, Jérusalem pleurait. — Le port voisin de Césarée, qui peu à peu devint lui-même une ville maritime, reçut d’Hérode le nom de Sébastos. A peu près à deux milles au sud-ouest de Jérusalem, il se bâtit à lui-même la ville d’Hérodium, en souvenir de la victoire qu’il y avait remportée sur la populace qui le poursuivait.