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geôlier, Soëm, l’ordre secret donné par Hérode d’égorger les deux femmes si la nouvelle de sa mort lui parvenait. Au retour d’Hérode, Mariamne ne lui cacha pas la haine qu’il lui inspirait. Le cœur de ce prince était torturé à la fois par l’amour qu’il ressentait pour la femme et par la haine qu’il éprouvait pour l’ennemie de sa personne et de son pouvoir. Affolé par ce double sentiment, il n’était que trop disposé à prêter l’oreille aux délations de sa sœur Salomé, qui vint accuser Mariamne d’avoir corrompu un des échansons du roi pour l’empoisonner. Dans l’interrogatoire qui s’ensuivit, il fut prouvé que Mariamne connaissait les ordres secrets donnés à Soëm. Cette trahison d’un de ses serviteurs les plus chers excita au plus haut point la jalousie du prince et déchaîna toute la furie de ses passions. Soëm fut aussitôt mis à mort. Mariamne fut amenée devant un tribunal convoqué par Hérode et accusée par lui d’adultère et de tentative d’empoisonnement. Les juges crurent être agréables au prince en prononçant la peine capitale. La plus ravissante fille de Juda, la belle Hasmonéenne, l’orgueil de la nation, marcha donc du tribunal à l’échafaud. Elle y monta calme et résolue, sans faiblesse et sans crainte, et resta digne de ses aïeux (29). Mariamne était l’image de la Judée, livrée à la hache du bourreau par l’intrigue et la haine.

La mort de Mariamne, loin d’éteindre la soif de vengeance dans le cœur d’Hérode, exalta au contraire son ressentiment jusqu’à la fureur. Il ne put se résigner à la perte de cette femme, et son désespoir ne connut pas de limites. Le trouble de son âme altéra sa santé ; il tomba malade à Samarie, et la gravité de son mal fit craindre pour sa vie. Alexandra voulut profiter de l’occasion pour s’emparer de Jérusalem et détrôner son mortel ennemi. L’imminence du danger ranima l’énergie d’Hérode : Alexandra fut condamnée à mort et promptement exécutée (vers l’an 29). Avec elle s’éteignit le dernier rejeton de la souche des Hasmonéens. Elle avait vu périr successivement son beau-père Aristobule II, son époux Alexandre, Antigone son beau-frère, Aristobule III son fils, Hyrcan II son père et sa fille Mariamne.

Le reste du règne d’Hérode n’offre rien de saillant. Toujours occupé à flatter Auguste et Rome, se livrant à son goût pour les