Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/236

Cette page n’a pas encore été corrigée

série de principes généraux, clairement indiqués par le texte lui-même. Sept règles ou formules d’interprétation forment la base de la loi orale, telle qu’elle découle de la Thora, et lui donnent une valeur égale à celle de la loi écrite.

Grâce à ces sept règles, la tradition orale apparaissait sous un jour tout nouveau : elle n’avait plus rien d’arbitraire, et elle revêtait un caractère à la fois absolu et rationnel. Les nouvelles règles ne servaient pas seulement à légitimer les lois orales déjà existantes ; elles permettaient aussi de les élargir et de les appliquer à des cas nouveaux.

Au début, la méthode d’interprétation de Hillel ne trouva guère de succès. Nous savons de science certaine que, lors d’une discussion devant le Sanhédrin, alors présidé par les Bené-Bathyra, Hillel affirma ces règles, mais que le Sanhédrin ne les goûta pas, Du en contesta l’application. Hillel eut l’occasion d’en faire publiquement usage pour la solution d’une question qui intéressait vivement la nation entière. La veille de la Pâque, où l’on immolait l’agneau pascal, étant tombée un jour de sabbat, les fils de Bathyra et le Sanhédrin ne savaient pas s’il était permis d’offrir. De jour-là, le sacrifice pascal. Hillel, dont la valeur avait : sans doute déjà frappé les esprits judicieux, se mêla à la discussion et prouva, en vertu des règles de sa méthode d’interprétation, que le sacrifice pascal, comme tout autre sacrifice public, primait la sainteté du sabbat. Les débats furent très animés, à cause de la foule des pèlerins venus pour la fête et qui y prirent part ; les paroles d’encouragement étaient adressées à Hillel, entremêlées de vives protestations. C’est le Babylonien qui nous donnera la meilleure décision, disaient les uns. Que peut-il venir de bon de Babel ? criaient les autres. — A partir de ce jour, le nom de Hillel devint si populaire, que les fils de Bathyra (soit volontairement, soit par ordre du peuple) crurent devoir résigner surs fonctions de présidents du Sanhédrin et furent remplacés par Hillel. Loin de s’enorgueillir de cet honneur, Hillel exprima ion mécontentement, en disant aux sanhédrites : Qu’est-ce qui n’a élevé, moi, obscur Babylonien, à la présidence du Sanhédrin ? est votre peu d’assiduité aux leçons de Schemaïa et d’Abtalion. Hérode ne paraît pas avoir fait obstacle à cette nomination.