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sa chute les derniers rejetons des Hasmonéens, Hyrcan, un vieillard octogénaire, sa femme Mariamne et Alexandra, sa belle-mère. Il accusa Hyrcan d’avoir entretenu des intelligences avec Malick, le roi des Nabatéens. Hyrcan, quoique innocent, fut condamné et exécuté. Avant de se rendre auprès d’Octave, Hérode fit enfermer Mariamne et Alexandra dans la forteresse d’Alexandrion, sous la garde d’un serviteur ituréen, nommé Soëm, qui avait ordre d’égorger les deux femmes, si Hérode ne revenait pas de son entrevue avec César. Avant de se mettre en route, Hérode se vit forcé par les circonstances d’accorder un changement de présidence dans le Sanhédrin, changement auquel il n’aurait certainement pas consenti dans d’autres temps. Grâce à cette mutation, Hillel, un Babylonien jusqu’alors inconnu, devint le chef du Conseil. La direction que celui-ci imprima au judaïsme a laissé des traces qui subsistent encore de nos jours.

Hillel (né vers l’an 75, mort vers l’an 5 après J.-C.) se rattachait par sa mère à la race de David. Nonobstant cette noble origine, il vécut dans la pauvreté. Son frère Schebna, riche négociant, subvenait à son entretien. Il émigra de Babylonie et Jérusalem, sans doute en même temps que Hyrcan (36). Il devint un des auditeurs les plus assidus des sanhédristes Schemaïa et Abtalion, dont il transmettait les traditions avec une scrupuleuse exactitude. Les traits dominants du caractère de Hillel, c’était cette douceur inaltérable et sympathique, qui ne permet pas à la colère de dominer un seul instant le cœur ; c’était ce profond amour de l’humanité, qui prend sa source dans l’humble opinion qu’on a de soi-même et dans le jugement favorable qu’on porte sur autrui ; c’était enfin cette égalité d’humeur que fait naître la confiance en Dieu et qui ne se dément pas en face du malheur. Hillel est resté l’idéal de la bonté et de la modestie. A lui appartient la belle parole qui résume tout l’esprit du judaïsme : Ne fais pas à autrui ce qui te serait désagréable à toi-même : c’est là toute la Loi, le reste n’en est que le commentaire. Dans les contradictions qu’il rencontra, Hillel montra constamment la mansuétude de son caractère. Sa confiance en Dieu le rendait inaccessible à la crainte, et il sut si bien l’inculquer aux membres de sa famille, qu’en entendant des cris de douleur il pouvait