Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/232

Cette page n’a pas encore été corrigée

annuellement 200 talents pour les revenus de ce territoire. Mais qu’était cette rançon, en comparaison du malheur qui l’avait menacé ? Il pouvait s’estimer heureux.

Cependant, dans son palais même, de nouvelles calamités l’attendaient. Avant de partir, il avait confié Mariamne et sa mère, Alexandra, au mari de sa sœur Salomé, Joseph, avec ordre, s’il devait encourir la disgrâce d’Antoine et perdre la vie, de tuer les deux femmes. Son amour pour sa belle compagne, qu’il ne voulait pas laisser tomber entre les mains d’un autre ; sa haine aussi pour Alexandra et la crainte de lui causer de la joie par sa mort, lui avaient inspiré ce projet. Mais Joseph révéla à Mariamne l’ordre qu’il avait reçu, ce qui augmenta encore l’angoisse de la malheureuse reine. Le bruit de la mort d’Hérode s’étant répandu à Jérusalem. Mariamne songea à se mettre, elle et sa mère, sous la protection des aigles romaines. Salomé la sœur d’Hérode, qui haïssait également son mari et sa belle-sœur, profita, de cette circonstance pour les calomnier auprès de son frère et les accuser même d’un commerce adultère. Hérode resta d’abord incrédule, mais Mariamne se trahit en laissant voir qu’elle était instruite de ses desseins. Sa colère ne connut pas de bornes ; il fit décapiter Joseph, jeter Alexandra en prison, et Mariamne aurait subi le même sort, si son amour pour elle n’avait été plus violent que sa haine. A partir de ce moment (34), la méfiance et l’inimitié étaient entrées dans sa famille et bientôt tous les siens allaient en être les victimes. Au dehors, la fortune resta fidèle à Hérode et le tira des pas les plus difficiles. Six ans ne s’étaient pas écoulés depuis son avènement que de grands dangers vinrent le menacer. Une sœur du dernier roi des Hasmonéens s’était érigée en vengeresse de son frère et de sa race. Elle rassembla des troupes et s’empara de la forteresse d’Hyrcanion (vers l’an 32). A peine Hérode eut-il vaincu cette femme qu’un nouveau danger bien plus grave vint l’assaillir. Cléopâtre, qui était l’ennemie des Judéens en général au point que, pendant une famine, elle refusa de fournir du blé aux pauvres de cette nation, comme elle le fit pour les autres habitants d’Alexandrie, et qui haïssait Hérode tout particulièrement, se donna beaucoup de peine pour le perdre auprès d’Antoine.