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à l’impuissance, Hérode ne pouvait s’abandonner à la jouissance paisible de ses conquêtes. Hyrcan avait été, il est vrai, prisonnier des Parthes ; en outre, il était mutilé, ce qui le rendait impropre au pontificat. Les Parthes avaient eu la générosité de lui rendre la liberté, et les Judéens de Babylone l’entouraient d’honneurs pour lui faire oublier ses tristesses. Malgré cela, Hyrcan avait la nostalgie de la Judée, et Hérode craignait que lui ou les Judéens de Babylone ne missent les Parthes dans leurs intérêts et ne les décidassent à lui rendre la couronne qu’ils lui avaient arrachée. Afin de prévenir ce danger et de soustraire Hyrcan à l’influence des Parthes, Hérode songea à l’attirer auprès de lui. Avec la dissimulation qui lui était habituelle, il lui fit dire par Saramalla qu’il désirait partager le trône avec lui et qu’il le priait de revenir à Jérusalem, pour y recevoir la récompense des nombreux bienfaits qu’il lui devait. En vain les Judéens de Babylone essayèrent de l’en dissuader et l’engagèrent à ne pas s’exposer pour la seconde fois au tourbillon des affaires publiques : Hyrcan alla au-devant de sa destinée. Dès qu’il arriva à Jérusalem (36), Hérode accourut au-devant de lui, lui fit l’accueil le plus amical, lui donna à sa table, ainsi qu’au conseil, la place d’honneur. Le faible vieillard se laissa duper par ces marques de prévenance et ne vit pas l’astucieux regard de l’Iduméen qui l’observait.

Hyrcan était désarmé et réduit à l’impuissance : il était enfermé dans une cage dorée. Aristobule, son petit-fils, à qui son origine, sa jeunesse, sa noble prestance avaient gagné tous les cœurs, était un ennemi plus redoutable pour Hérode. Celui-ci avait cru lui enlever toute influence, en lui refusant le souverain pontificat, mais ce but fut manqué. Du reste, Alexandra, sa mère, dont l’habileté en intrigue valait bien celle d’Hérode, avait su capter la bienveillance d’Antoine en faveur d’Aristobule. Persuadée que ce Romain efféminé serait plutôt touché par des excitations sensuelles, elle lui envoya le portrait de ses deux enfants, Mariamne et Aristobule, les deux plus ravissantes têtes d’Israël. Antoine, séduit par la vue de ces images, demanda à voir le jeune homme. Pour le tenir éloigné du Romain, Hérode se vit forcé de le nommer grand prêtre (35). Bien entendu, Ananel fut destitué. Peu satisfaite encore de ce résultat, l’ambitieuse Alexandra essaya