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avancés. Schemaya et Abtalion, les deux chef, du Sanhédrin, prêchèrent contre la résistance, conseillant d’ouvrir les portes de la ville à Hérode, et Antigone n’était pas assez fort ou assez courageux pour réprimer leurs menées. Grâce à ces dissensions intestines et à des assauts redoublés, les Romains parvinrent à faire crouler le mur extérieur du nord-est de la ville. Ils pénétrèrent aussitôt dans la ville basse et dans les ouvrages extérieurs du temple. Les Judéens, avec le roi Antigone, se réfugièrent dans la ville haute et sur la colline du temple.

Pendant quinze jours, les Romains donnèrent l’assaut à la deuxième enceinte de murs. Malgré leur défense héroïque, les Jérusalémites durent succomber. Un jour de sabbat, où les Judéens ne s’attendaient pas à une attaque, croula un pan de la deuxième muraille, qui livra passage aux Romains. Ceux-ci se précipitèrent comme des furieux dans la ville haute et le temple, massacrant tout, sans distinction d’âge ni de sexe, égorgeant les prêtres à côté de leurs victimes. Par une fatale coïncidence, Jérusalem tomba le même jour où, vingt-sept ans auparavant, elle avait été prise par Pompée (sivan, juin 37).

Hérode réussit à peine, à force de présents distribués à chaque soldat romain, à empêcher le pillage du temple et la ruine totale de la ville. Antigone fut pris et envoyé auprès d’Antoine qui, à la prière d’Hérode, le fit battre de verges et le livra ensuite à la hache du bourreau, supplice infamant qui excita l’horreur des Romains eux-mêmes. Antigone était le dernier des huit princes et grands prêtres de la famille des Hasmonéens, qui avait régné plus d’un siècle et qui causa la ruine et l’abaissement de la Judée, après lui avoir donné la grandeur et l’éclat.

Hérode, l’esclave iduméen, comme le qualifiait la voix populaire, était arrivé au but de ses visées ambitieuses. Son trône avait pour base des cadavres et des ruines, mais il se sentait de force à le maintenir, fallait-il l’entourer d’un fleuve de sang. Que lui importait la haine de la nation judaïque, à laquelle il s’était imposé sans le moindre mérite, sans titre aucun ? N’avait-il pas la faveur de Rome et l’amitié d’Antoine ? Il embrassa d’un regard sûr et clair la politique qu’il avait à suivre ; elle lui était en quelque sorte commandée par les circonstances : s’attacher entièrement