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où il était dit : Si tu n’étais Théodos, nous te mettrions en interdit.

Les Judéens de Rome ne furent pas sans exercer une certaine influence sur la marche des affaires romaines. Comme ils avaient tous, les anciens émigrés et les affranchis, le droit de vote dans les assemblées populaires, leur avis y pesa souvent d’un grand poids, grâce à leur union mutuelle, à leur activité et à leur sang-froid dans la manière d’envisager les affaires, et peut-être aussi à leur sagacité. Cette influence latente était si forte que Cicéron, qui était aussi égoïste qu’éloquent et qui avait appris à haïr les Judéens chez son maître Apollonius Molo, ayant un jour à parler contre eux, craignit de trahir ses dispositions hostiles à leur égard et de s’attirer leur ressentiment. Il s’agissait pour lui de défendre la cause fort injuste du préteur Flaccus, accusé de concussions pendant son gouvernement en Asie Mineure. Flaccus avait, entre autres, mis la main sur l’impôt religieux des communautés judaïques de ces contrées, s’élevant environ à deux cents livres d’or, qui avait été recueilli à Apamée, Laodicée, Adramyttium et Pergame (62). Il avait invoqué un décret du sénat qui défendait les sorties d’or des provinces romaines. Or la Judée, bien que soumise à la puissance de Rome, n’était pas encore admise à l’honneur de faire partie de ses provinces. Les Judéens romains, qui s’intéressaient vivement au procès de Flaccus, vinrent se mêler à la foule des assistants. Cicéron en eut une telle peur, qu’il aurait bien voulu pouvoir parler à voix basse, de façon à n’être entendu que des juges. En présentant sa défense, il eut recours à de puérils sophismes, qui auraient peut-être produit quelque impression sur des Romains de la vieille roche, mais qui n’en pouvaient produire sur des esprits éclairés. Il faut, dit-il entre autres, mettre un soin particulier à combattre les superstitions barbares des Judéens, et c’est le fait d’un homme de grand caractère de témoigner son mépris à ces agitateurs de nos assemblées populaires. Si Pompée n’a pas usé de son droit de vainqueur et a respecté le trésor du temple des Judéens, il ne l’a pas fait par égard pour le sanctuaire, mais par prudence. Il ne voulait pas donner à cette nation, portée au soupçon et à la calomnie, le prétexte d’une accusation. Lorsque Jérusalem