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à la Judée après de pénibles luttes, eu furent de nouveau détachées et déclarées villes libres, placées sous la juridiction du gouverneur de la Syrie. Quant aux prisonniers, Pompée fit massacrer les plus dangereux, c’est-à-dire les patriotes exaltés, et emmena le reste à Rome. On vit à son triomphe, mêlés aux autres monarques asiatiques, Aristobule, son fils Antigone, ses deux filles et son oncle Absalon (61). Tandis que Sion voilait sa tête de deuil, Rome était dans l’allégresse. Mais les captifs judéens allaient former la noyau d’une communauté qui devait reprendre sous une autre forme la lutte contre les institutions romaines et en triompher dans une certaine mesure.

Avant l’intervention de Pompée en Judée, il y avait déjà des Judéens qui habitaient Rome et d’autres villes de l’Italie. Sans doute ils y avaient émigré de l’Égypte et de l’Asie Mineure ; grâce aux nécessités des relations commerciales, ils avaient dû s’y établir. Les premiers habitants judaïtes de Rome n’étaient donc pas des prisonniers de guerre, mais plutôt des négociants qui étaient en relations avec les grands pour l’importation du blé d’Égypte et le fermage des impôts de l’Asie Mineure. Ces émigrants ne pouvaient guère former une communauté régulière, vu l’absence de docteurs de la Loi parmi eux. Mais, au nombre des captifs que Pompée traîna à Rome, se trouvaient des hommes versés dans la Loi, qui furent rachetés par leurs riches coreligionnaires et qu’on décida à se luxer dans cette ville. Les descendants de ces prisonniers conservèrent dans la suite le nom d’affranchis (libertini). Le quartier des Judéens à Rome était situé sur la rive droite du Tibre, sur le versant du mont Vatican. Un pont du Tibre conduisant au Vatican porta encore longtemps après le nom de Pont des Judéens (pons Judœrum). Une partie de la population judaïque de Rome alla se fixer dans d’autres villes de l’Italie. Théodos, un de ceux qui avaient émigré à Rome, introduisit dans la communauté judaïque l’usage de remplacer l’agneau pascal, qui ne pouvait être consommé hors de la Palestine et que les exilés regrettaient beaucoup, par un mets analogue. Le mécontentement fut vif à Jérusalem ; il semblait que les Judéens de Rome se permissent, sur la terre étrangère, l’usage d’une viande sacrée. Une lettre de blâme fut envoyée de Jérusalem à Théodos,