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qui avaient changé la constitution judaïque et remplacé le pontificat par une monarchie oppressive.

Pompée n’écouta ni les plaintes de ces républicains ni les raisons alléguées par les deux frères. Indifférent, au fond, à leur querelle, il voulait uniquement, sous couleur d’arbitrage, réduire la Judée en province vassale de Rome. Il lui fallait peu de pénétration pour s’apercevoir que le faible Hyrcan, qui était pour ainsi dire sous la tutelle de son ministre, était mieux fait pour le rôle de protégé de Rome que le fougueux Aristobule. Aussi penchait-il secrètement pour Hyrcan. Mais, craignant de s’engager, par une décision prématurée, dans une guerre longue et difficile en un tel pays, et qui retarderait son entrée triomphale à Rome, il préféra leurrer Aristobule de belles promesses. Aristobule vit le piège et chercha à l’éviter à temps : il se fortifia dans la citadelle d’Alexandrion, espérant pouvoir arrêter la marche des Romains. Bientôt l’ambition et la cupidité de Rome se montrèrent à nu. Le général romain traita Aristobule, qui n’avait pourtant usé que de son droit de défense, de rebelle et de conspirateur. Il marcha contre lui, le somma de se rendre à merci, et usant tour à tour de promesses mensongères et de menaces sérieuses, il l’amena à cet état de crainte et d’indécision qui entraîne les esprits les mieux trempés à des faux pas. Le malheureux Aristobule, se rendant à la sommation de Pompée, descendit de sa forteresse ; mais il regretta aussitôt cette imprudence et se retira à Jérusalem pour s’y défendre, jusqu’à ce qu’il eut obtenu des conditions favorables. Pompée le suivit et, à son arrivée à Jéricho, il reçut l’agréable nouvelle du suicide de Mithridate. Cette victoire, si facilement remportée sur un des plus dangereux ennemis de Rome, remplit Pompée d’une orgueilleuse satisfaction de lui-même. Il ne voulait plus que briser encore un faible et dernier obstacle, — la résistance d’Aristobule, — pour aller goûter à Rome les fruits de ses incroyables succès. Pour le moment, la victoire lui semblait d’autant plus facile qu’Aristobule, cédant à la crainte, s’était rendu auprès de lui, l’avait comblé de présents et lui avait promis de lui livrer Jérusalem. Gabinius, légat de Pompée, partit avec Aristobule pour prendre possession de la ville et se faire délivrer des sommes d’argent plus considérables encore. Mais les