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l’homme privé, était d’un caractère faible et irrésolu, et, même à une époque plus calme, il n’aurait été qu’un médiocre gouvernant. il n’était pas taillé pour régner dans des temps troublés, et sa bonté causa plus de mal que n’eût fait la violence d’un tyran. Son jeune frère Aristobule était d’un caractère tout opposé. Hyrcan était pusillanime ; Aristobule, au contraire, se distinguait par la fougue de son courage allant jusqu’à la témérité, et en cela il ressemblait à son père Alexandre. Il y joignait une ambition démesurée, qui ne l’abandonna jamais et qui l’exposa comme un aveugle à tous les chocs de la réalité. Son but était de devenir un prince puissant et de soumettre à son pouvoir les pays voisins. Mais sa fougue l’emporta au delà du but, et au lieu de lauriers il ne récolta que de la honte pour lui et sa nation. A peine la reine Salomé eut-elle fermé les yeux et Hyrcan fut-il monté sur le trône, qu’Aristobule marcha sur la capitale, avec ses mercenaires et ses partisans sadducéens, pour détrôner son frère. Du côté de Hyrcan se rangèrent les Pharisiens, le peuple et les mercenaires engagés par la feue reine. Pour plus de sûreté, les partisans de Hyrcan, ayant pris comme otages la femme et les enfants d’Aristobule, les enfermèrent dans la citadelle de Baris, au nord-ouest du temple. Les deux frères ennemis et leurs armées se trouvèrent face à face à Jéricho. Hyrcan perdit la bataille et s’enfuit à Jérusalem, dans la citadelle de Baris : ses mercenaires l’avaient abandonné et s’étaient joints à Aristobule. Ce dernier assiégea le temple, où s’étaient réfugiés beaucoup de ses adversaires, et il s’en empara. Lorsqu’il fut maître du sanctuaire et de la ville, Hyrcan dut se rendre. Une réconciliation eut lieu entre les deux frères, qui se jurèrent alliance dans le temple — Aristobule aurait la couronne royale et Hyrcan la tiare de grand prêtre. Le règne de Hyrcan avait duré trois mois. Pour sceller le traité, le fils d’Aristobule épousa la fille de Hyrcan, Alexandra.

Aristobule, devenu roi grâce à son heureux coup de main, ne paraît pas avoir entrepris de réformes qui eussent pu indisposer les Pharisiens contre lui. La situation respective des partis prit dès lors un caractère nouveau ; peut-être leur hostilité aurait-elle complètement disparu, si un homme n’avait surgi qui, poussé en avant par son ambition démesurée, devint le vampire