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delà du Jourdain, de l’Égypte, de la Syrie : ceux-ci ne rentraient que vers l’époque de la fête des Semaines. Les impôts des pays plus éloignés, comme la Babylonie, la Médie, l’Asie Mineure, n’étaient payés qu’à l’approche de la fête des Tentes. Ceux-ci étaient les plus abondants, grâce à la richesse et à la générosité des Judéens de l’étranger : au lieu des sicles d’argent ou de cuivre, ceux-ci envoyaient des statères et des doriques, monnaies d’or. Dans les pays où les Judéens se trouvaient en nombre, on choisissait des centres où l’on déposait les offrandes destinées au temple, en attendant leur transport à Jérusalem. On désignait à cet effet les hommes les plus considérés ; ces personnages chargés de remettre les offrandes à la caisse du temple portaient le nom d’ambassadeurs sacrés. En Mésopotamie et en Babylonie. les villes de Nisibis et de Nahardea (Naarda) sur l’Euphrate, dont la population était en majeure partie judaïque, renfermaient des trésoreries pour les offrandes destinées au temple ; c’est de là qu’on les expédiait à Jérusalem, sous bonne escorte, à cause des pillards parthes on nabatéens. Les communautés de l’Asie Mineure avaient également leurs lieux de centralisation pour la recette de cet impôt : Apamée et Laodicée en Phrygie, Pergame et Adramyttium dans l’Éolide. Environ vingt ans après rétablissement de l’impôt, cette contrée fournissait prés de 200 livres d’or (210.000 francs). On peut conclure de ce fait quelles recettes colossales furent perçues par le temple, et on comprend que, malgré les dépenses considérables réclamées par les besoins du culte, il restât encore un excédent assez important qui fut versé dans le trésor sacré. Aussi le temple de Jérusalem passa-t-il pour le sanctuaire le plus riche et devint-il souvent un objet d’envie.

Jusque-là, la restauration entreprise par Juda ben Tabbaï et Siméon ben Schétach avait encore un caractère inoffensif : ils remirent en vigueur les anciennes lois, en créèrent de nouvelles et cherchèrent à les graver dans le souvenir et dans le cœur du peuple. Mais une réaction ne peut se maintenir. dans des limites aussi sages : sa nature même l’entrain à des empiétements, comme un choc produit nécessairement un contre-coup. Ceux des Sadducéens qui refusaient de se soumettre à l’interprétation pharisaïque de la Loi furent traduits devant les juges. Le