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Autant par goût personnel que par respect pour les dernières volontés de son époux, Salomé favorisa particulièrement le parti pharisien et lui confia les fonctions les plus importantes. La direction des affaires intérieures était presque entièrement entre leurs mains. Siméon ben Schétach, qui était l’organe du parti, était le frère de la reine et, comme tel, jouissait de la plus grande influence. Son action fut si puissante sur les événements de cette époque que son nom y fut attaché comme celui de la reine : au temps de Siméon ben Schétack et de la reine Salomé, disait-on. A partir de cette époque, ce fut le principal personnage parmi les Pharisiens ou les docteurs de la Loi qui devint président (nassi) du Grand Conseil. Naturellement, cette dignité, qui avait été enlevée au grand prêtre, devait échoir à Siméon ben Schétach. Cependant celui-ci ne se montra pas ambitieux et il appela à ce poste Juda ben Tabbaï, qui séjournait à Alexandrie.

Le savoir et le caractère de cet homme lui inspiraient une estime si haute qu’il voulut bien s’effacer devant lui et lui laisser la préséance. Une missive conçue en termes flatteurs fut adressée à Juda ben Tabbaï pour l’inviter à revenir. Voici la teneur de cette lettre, assurément fort originale : De moi Jérusalem, la ville sainte, à toi Alexandrie : Mon époux (Juda ben Taboar) habite près de toi, et moi je suis abandonnée. Sans doute la communauté d’Alexandrie avait confié à ce célèbre docteur palestinien quelque fonction importante. Juda ben Tabbaï ne tarda pas à se rendre à cette invitation. Il entreprit, avec la coopération de Siméon ben Schétach, de réorganiser le Conseil supérieur, de réformer l’administration de la justice, de rétablir l’autorité ébranlée des lois religieuses, de développer renseignement ; il adopta enfin, de concert avec lui, toutes les mesures exigées par les circonstances. Si parfois ces deux docteurs durent recourir à des mesures violentes, ce ne fut pas un effet de leur caprice, mais des difficultés du temps. Au reste, ils avaient, pour eux-mêmes et pour les leurs, la même sévérité inflexible, quand il s’agissait de faire valoir l’autorité de. la Loi. Avec Juda ben Tabbaï et Siméon ben Schétach commence la prépondérance du judaïsme légal dans le sens du pharisaïsme, qui l’enrichit et le développa d’âge en âge.