Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/191

Cette page n’a pas encore été corrigée

de la grave querelle qui divisait les Pharisiens et les Sadducéens. Sa femme Salomé, qui était très attachée aux premiers, contribua grandement sans doute à lui faire conserver cette attitude pacifique. Siméon, frère de la reine, paraît avoir servi d’intermédiaire à Alexandre auprès des Pharisiens, toujours maintenus à l’écart, et des Sadducéens, qui occupaient les emplois. Depuis que Hyrcan avait rompu avec les Pharisiens, le Grand Conseil ne comptait plus dans son sein que des Sadducéens. Tant que durerait la situation privilégiée de ces derniers, la réconciliation et la concorde étaient impossibles entre les deux partis. Alexandre eut la bonne pensée d’apaiser leur différend en leur conférant des droits égaux à occuper les emplois et les dignités. Mais les Pharisiens refusèrent de partager les fonctions avec leurs adversaires et firent une résistance passive. Seul, Siméon ben Schétach se fit recevoir dans le sein du collège sadducéen, mais avec l’arrière-pensée d’en chasser peu à peu les membres de ce parti. Dans la suite, il put mettre son projet à exécution.

Tant que sa situation critique détourna Alexandre des affaires intérieures, il persista dans sa neutralité. Mais les choses changèrent de face, lorsqu’il revint en vainqueur après avoir conquis des villes et des territoires en nombre. Était-ce parce qui Alexandre voyait dans l’influence qui était revenue aux Pharisiens un obstacle à sa puissance, ou parce qu’il voulait s’attacher les Sadducéens, qui étaient plus aptes à la guerre ? ou bien Diogène, le favori du prince, dont les conseils lui furent aussi funestes que ceux du Sadducéen Jonathan l’avaient été pour Hyrcan, avait-il circonvenu son esprit en faveur de son parti ? Quoi qu’il en soit, Alexandre se posa tout à coup en adversaire déclaré de la doctrine pharisaïque et manifesta ses intentions de la façon la plus blessante. A la fête des Tabernacles, le prince, en sa qualité de grand prêtre, devait, conformément à un vieil usage, répandre sur l’autel de l’eau contenue dans une coupe d’argent, comme présage symbolique de fertilité. Afin de bien montrer son mépris pour cet usage inventé par les Pharisiens, il répandit l’eau à terre. Il n’en fallait pas davantage pour soulever le peuple massé dans le parvis extérieur. Enflammés de colère et sans réfléchir aux conséquences, les assistants lancèrent contre Alexandre les cédrats qu’ils portaient