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qu’il chérissait, qui avait été son compagnon de luttes et qui partageait ses idées, fut associé par lui au pouvoir. Par suite de la courte durée de son règne, il ne nous reste que peu de détails, d’ailleurs fort incohérents, à son sujet. Cependant il en ressort qu’il suivit fidèlement la ligne de conduite adoptée par son père vis-à-vis des deux partis et qu’il se rangea du côté des Sadducéens, en écartant les Pharisiens de toute influence. Mais Aristobule n’avait pas plus d’amis parmi le peuple qu’il n’en avait dans sa famille. Il avait de la prédilection pour l’hellénisme, ce qui lui valut le surnom de Philhellène et suffit à le faire détester du parti populaire. Tandis que les Grecs le représentent comme un homme sensé et de goûts simples, les Judéens lui reprochent sa dureté et son insensibilité de cœur. Sa mère était sans doute morte de vieillesse dans sa prison : la malignité publique fit courir le bruit que le fils dénaturé l’avait laissée mourir de faim. Son frère qu’il chérissait, Antigone, avait probablement été assassiné à l’instigation du parti hostile à la famille des Hasmonéens. La rumeur populaire attribua ce meurtre au roi, sous prétexte de jalousie. Pour inspirer plus d’horreur pour la perversité d’Aristobule, la légende a brodé autour de cette mort tout un tissu d’événements tragiques.

Aristobule, qui avait hérité de son père sa valeur guerrière,.reprit aussi son projet d’étendre la Judée vers le nord-est. Il fit une expédition contre les Ituréens et les Trachonites, peuplades à demi barbares. Son frère Antigone, avec lequel il avait conquis ses premiers lauriers sur les Samaritains et les Syriens, l’accompagnait. La fortune des armes sourit à Aristobule comme elle avait fait à son père. II agrandit la Judée et força les peuples vaincus à embrasser le judaïsme. En poursuivant ses conquêtes dans cette direction, la Judée aurait pu devenir maîtresse des routes de caravanes, des bords de l’Euphrate jusqu’à l’Égypte. Grâce à cette extension de territoire, disposant d’une armée valeureuse et de forteresses en excellent état de défense, elle aurait pu prendre une place notable dans le système politique de l’époque. Mais, comme si la Providence avait décidé que la Judée ne devait pas acquérir de prépondérance dans cette voie, Aristobule fut arrêté dans ses conquêtes par une grave maladie qui