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TROISIÈME ÉPOQUE


LA DÉCADENCE




CHAPITRE XI


LES ROIS HASMONÉENS
(106-40)


Jean Hyrcan, en mourant, avait laissé le pouvoir à sa femme et donné le grand cohénat à son fils Juda, plus connu sous le nom grec d’Aristobule. Mais la coutume, empruntée à la Grèce, de confier le gouvernement à des femmes n’avait pas encore pris racine en Judée, et l’événement le fit bientôt voir. Aristobule enleva le pouvoir à sa mère, sans qu’il s’ensuivit des troubles, et il réunit de nouveau en lui la double dignité de grand prêtre et de prince. On prétend qu’il est le premier Hasmonéen qui ait pris le titre de roi, titre qui d’ailleurs n’ajouta rien à sa puissance ni à son autorité. Cependant ses monnaies n’en font pas mention ; elles portent simplement comme inscription : Le grand prêtre Juda et la communauté des Judéens. — La semence de discorde jetée par Hyrcan se développa sous le règne de ses successeurs. C’est en vain que ceux-ci cherchaient à placer leur pouvoir au-dessus de toute atteinte ; c’est en vain qu’ils s’entouraient d’une garde du corps composée de fidèles mercenaires ; en vain ils accomplissaient de brillants faits d’armes : la scission était irréparable, et tous leurs efforts ne servirent qu’à l’élargir encore.

Non seulement Aristobule chassa sa mère du trône, mais il la fit jeter en prison avec trois de ses frères. Seul, son frère Antigone,